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28 février 2016 7 28 /02 /février /2016 10:34
Quitter terre...

Lorsque je prolonge mon jogging matinal jusqu’au canal de la Source et que j’en gravis la pente jusqu’au mémorial François-Mitterrand avant de faire demi-tour, je cours face au soleil levant – en ces jours de fin d’hiver il n’a pas encore émergé de l’horizon, seule sa lumière commence de régner, à pas lents et un peu brumeux.

Le temps que durent ces foulées ascendantes il me semble, alors, me tenir au bastingage d’un immense vaisseau qui ferait voile vers les confins de l’univers, si véloce qu’il en serait immobile, pour atteindre sans y aborder jamais ces zones inimaginables où ni le temps ni l’espace ni rien de conceptualisé n’a plus cours.

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 19:06
Bruyant oxymore

En prenant connaissance, il y a presque un an, du thème finalement arrêté pour la septième édition de Photovision 94 – "Le cri du silence" – j'avais aussitôt senti cet énoncé proliférer de manière totalement anarchique en myriades d'idées textuelles et photographiques mais sans qu'aucune parvienne vraiment à imposer sa pertinence. Silence et absence rimaient richement; l'absence étant douleur et la douleur faisant sourdre les cris, forcément le silence de l'absence se trouvait à hurler. Et dire l'absence, le vide, par l'image, quoi de plus facile (cela même est oxymorique: une image est par définition "présente" et on la chargerait de dire l'absence? Pourtant elle la dit! et avec quelle acuité, justement parce qu'elle est sonorement silencieuse - mais visuellement éloquente) surtout en noir et blanc, cet achromatisme qui fait taire les couleurs, les tue diront certains qui ne supportent pas cette mutité. Bref, je me payais de mots et de discours, beaucoup moins de photographies et, à l'approche du jour où devaient prendre fin la réception des candidatures, j'en étais encore à préparer dans l'urgence mes textimages, envoyés in extremis.

Comme cette fébrilité intense est loin... Déjà, samedi dernier je participais aux ultimes ajustements – trois fois rien puisque l'essentiel avait été mis en place la veille au soir; il ne restait plus qu’à fixer aux emplacements idoines les cartels portant le titre et le texte associés à chaque photo, à équilibrer des écarts dysharmonieux, modifier quelques hauteurs... Ma contribution minuscule à la préparation de l'exposition me permit de découvrir en avant-première la totalité des photographies choisies; cette année encore elles sont toutes d’une qualité remarquable, témoignant bien sûr du talent de leurs auteurs mais aussi de l'exigence des jurés et de la rigueur de leur sélection. Je reconnus au passage des photos déjà vues lors d'une mémorable séance de lecture d'images qui avait réuni une petite dizaine de membres de l'association autour de l'artiste photographe Thierry Volpi un certain samedi 14 novembre 2015. Cette réunion, prévue de longue date, avait été maintenue malgré le séisme survenu la veille et, je l'avoue, j'avais oublié la terreur le temps qu’elle dura tant elle avait été chaleureuse et passionnants les échanges. J'y avais même puisé une petite résurrection de ma motivation à photographier. Ces attentats, et ceux de janvier, d'une... criante «pertinence au thème», sont bien sûr présents dans l'exposition, à travers des œuvres sobres et recueilles – qui sonnent juste.

Je pus aussi me rendre compte qu'une fois de plus l'accrochage était de ceux qui, par-delà les œuvres qu'ils présentent et la manière dont ils les valorisent, ont en eux-mêmes un intérêt esthétique et sont à regarder comme une composition à part entière, non comme un simple cumul d'éléments offerts en pâture au public. Des papiers épars dans la salle, où je reconnus de rapides croquis des murs et des cadres à peine esquissés me donnèrent à penser qu'un plan préalable avait été soigneusement établi, à la manière de ces plans de table que l'on dresse à l'occasion de grands dîners, quand il faut tout à la fois de respecter une étiquette, de ménager des susceptibilités, d'éviter de fâcheux côtoiements et de favoriser certaines rencontres... De fait, c'est un à-propos comparable, pareillement subtil, qui me semble avoir guidé ceux qui ont conçu cet accrochage; ils ont admirablement joué des formes, des dominantes chromatiques, de la taille des images à l'intérieur des cadres, des contraintes imposées par l'espace... pour créer in fine une admirable synergie: chaque photographie se laisse voir dans sa singularité et dans l'intimité du rapport qu'elle entretient avec son texte d'accompagnement mais, en même temps qu'on s'absorbe en elle, on la sent vibrante de ce qui l'entoure... Les œuvres se valorisent les unes les autres sans perdre leur âme...et leur dialogue constant, serein, donne à l'ensemble son âme propre.

Avant de quitter la grande salle où est rassemblée la part la plus importante de l’exposition je me suis attardée à embrasser le tout d’un même regard, songeant à nouveau que cet agencement si bien calculé était une magnifique réussite – une perfection: un silence.
Et… si au lieu de rechercher la plus grande cohérence possible on avait, au contraire, délibérément introduit le trouble, insinué çà et là de légères distorsions? Si, par quelques hiatus, l’on avait fait crisser les équilibres, les impeccables rectitudes et les symétries trop nettes – autrement dit si l’on avait fait du bruit dans cette harmonie, l’accrochage n’aurait-il pas été lui-même «dans le thème»? une image de ce que peut être «le cri du silence»?

L’exposition vient d’ouvrir et il me semble que ce stimulant moment du décrochage d’où avait émergé ce thème qui m’avait si vite emportée dans un tourbillon d’idées un peu trop vortical pour être vraiment fructueux, est encore frémissant de nouveauté alors que, déjà, se profile le prochain décrochage et, dans l’immédiate foulée, la réunion des présents qui feront assaut d'imagination pour lancer, à la volée, leurs suggestions thématiques pour l’édition 2017... Étrange vertige chronologique… Les événements récurrents à périodicité régulière ont cela de terrible qu'ils manifestent crument la constriction du temps: lorsqu'on arrive au seuil d'une édition, on a le sentiment que la précédente est là-derrière, tout contre soi mais, au moment où celle-ci s'achevait, on avait l'impression que la prochaine se noyait dans un horizon hors de vue où bruissaient tous les possibles – ce laps immensément vaste vu rétrospectivement paraît soudain d'une telle ténuité que rien n’y aurait pu éclore.
On se dit alors que le temps est assassin et au premier chef de lui- même, autophage jusqu'à la néantisation. Pourtant, sur son fil on se tient – ou plutôt on tâche de se tenir –, avec cette convictio
n que l'on dure...

Le vernissage aura lieu le samedi 6 février à partir de 18h30.
À 19 heures: carte blanche à l’atelier d’improvisation théâtrale de D
enis Morin.


EXPOSITION EN PLACE DU 3 AU 19 FÉVRIER 2016.
Centre socioculturel Madeleine Réberioux
27, av
enue François Mitterrand
94000 CRÉTEIL
Tél. : 01.41.94.18.15
Courriel :
contact@mjccreteil.com

Horaires de visite:

Lundi: 16h / 19h30
Mardi: 9h / 12h30 et 17h / 20h30
Mercredi: 9h30 / 19h
Jeudi: 10h / 12h30 et 14h /
20h45
Vendredi: 14h / 20h
Samedi: 10h / 17h

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J'avais proposé cinq textimages à la sélection, deux ont été retenues, Rebut, et Silence du sens. Des deux, Rebut est davantage "dans le thème" que l'autre par la triste histoire qui lui est attachée: ce tirage est issu d'un film que j'ai perdu (avec une bonne dizaine d'autres films...) tandis que je venais de commencer à travailler sur ses images dans la chambre noire. Je ne l'avais même pas scanné. Paradoxalement, Rebut, par sa présence, sa matérialité dure – d'autant plus dure que la photographie est exposée, qu'elle a une existence dans un espace public – me figure de manière plus aigüe que si elle n'avait pas été tirée le vide creusé par la disparition du film, laquelle m'est une inextractible écharde au cœur.

Un mot encore sur l'aspect bizarrement sépia de Rebut et de Vacuité: il n'a rien de délibéré. C'est même un défaut de numérisation que j'aurais bien aimé corriger mais... je ne suis pas équipée pour. Je veux dire par là que, ne pouvant pas scanner ces deux tirages argentiques ni leurs négatifs, j'ai dû les photographier avec mon Coolpix pour obtenir leur version numérique, indispensable pour poser sa candidature (que je réutilise donc ici, pour la mise en ligne). Or mon compact numérique ne peut pas "ignorer les couleurs" (enfin, pas que je sache, mais sans doute ai-je mal exploré cet appareil?) d'où cette transcription bizarre des gammes de gris, de plus aucun de mes ordinateurs ne possède de logiciel de retouche qui permette de transposer en véritable noir et blanc les couleurs d'une image numérique.

REBUT. Couvert de lettres peintes, le mur défait a pris la parole – la télé cassée et rebutée retrouve un semblant de voix.

REBUT. Couvert de lettres peintes, le mur défait a pris la parole – la télé cassée et rebutée retrouve un semblant de voix.

SILENCE DU SENS. Je ne sais plus où, ni quand – ni même quoi. Tombant sur cette image au hasard d’une pérégrination dans mes archives, je la regarde, la scrute, mais je n’entends plus rien de ce que j’ai bien pu me raconter pour être ainsi poussée à déclencher. Reste une vague mélodie de lignes infléchies en courbes douces, de nuances de gris… Je la trouve avenante. Même sans paroles.

SILENCE DU SENS. Je ne sais plus où, ni quand – ni même quoi. Tombant sur cette image au hasard d’une pérégrination dans mes archives, je la regarde, la scrute, mais je n’entends plus rien de ce que j’ai bien pu me raconter pour être ainsi poussée à déclencher. Reste une vague mélodie de lignes infléchies en courbes douces, de nuances de gris… Je la trouve avenante. Même sans paroles.

VACUITÉ. Silence rime avec absence, avec souffrance Et attente, aussi, au prix d’une consonne – presque rien, une ténuité sonore.  Mais un cri quand même qui se déploie, et s’amuit dans tout ce vide.

VACUITÉ. Silence rime avec absence, avec souffrance Et attente, aussi, au prix d’une consonne – presque rien, une ténuité sonore. Mais un cri quand même qui se déploie, et s’amuit dans tout ce vide.

OÙ?  Le souvenir des destinations s’est perdu depuis longtemps sous les herbes folles. Nulle part est le silence de l’espace, la voie morte le cri muet du paysage.

OÙ? Le souvenir des destinations s’est perdu depuis longtemps sous les herbes folles. Nulle part est le silence de l’espace, la voie morte le cri muet du paysage.

CHAOS. Hier des excavatrices, des pelleteuses, des bennes, des ouvriers. Aujourd’hui dimanche, rien ni personne. Pas un bruit ne sourd du site en repos. Dans ces bris en suspens ne résonnent plus que des fantômes – ceux des grondements des marteaux-piqueurs, des craquements sourds de l’asphalte cassé et des roulements des graviers bouleversés… Silencieux tumulte du plus-rien et du pas-encore.

CHAOS. Hier des excavatrices, des pelleteuses, des bennes, des ouvriers. Aujourd’hui dimanche, rien ni personne. Pas un bruit ne sourd du site en repos. Dans ces bris en suspens ne résonnent plus que des fantômes – ceux des grondements des marteaux-piqueurs, des craquements sourds de l’asphalte cassé et des roulements des graviers bouleversés… Silencieux tumulte du plus-rien et du pas-encore.

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24 janvier 2016 7 24 /01 /janvier /2016 18:36
Petite stellarité palliative

Il me reste, d’un moment étrange vécu il y a bien des semaines, à la fois un souvenir très vague et une obsédante trace qui continue de me poursuivre au point qu’enfin je tâche de m’en délivrer ici (en sachant fort bien que ce délestage se substitue à un autre dont je suis pour l’heure incapable mais qui s’accomplira quand l’inextricable nœud de colère et d’indignation aura été dompté par le bon ordre que l’expression écrite exige de mettre à tout «discours intérieur»).
Un matin, alors que je me tenais debout face à la grande baie vitrée de ma cuisine en attendant que vienne à frémissement l’eau destinée à ma tasse de thé, je rêvais à demi en contemplant la clarté grise du petit jour, l’esprit plein de mille mots flottant désordonnés dont pas un ne coagulait en bribes intelligibles – et que je ne cherchais pas à retenir. Soudain une éphémère contracture fulgura dans ma hanche droite, peu douloureuse mais brutale, puis s’évanouit aussitôt. Instantanément cette phrase curieuse se forma à sa suite comme la queue prolonge la comète:
« Je viens de ressentir dans mon corps le point où résonne la mort d’une étoile aux confins de l’univers.»
Elle me parut aussitôt frappée d’évidence, sans que pour autant j’en pusse entendre le sens – et je m’étonnais moins de l’étrangeté de la phrase que de la manière dont elle s’était présentée à moi, tout énigme, mais , aussi évidemment là dans la simplicité de ses mots constituants que tous les objets dont j’étais entourée.


La phrase a subsisté, quasi intacte; et le travail d'écriture me paraît, ici, rendre à peu près justice au ressenti, au pensé d’alors – avec cette réserve qu’une part de la singularité de ce «ressent-pensé» s’est dissoute dans l’instant même où je le vivais, perdue à jamais, et échappant définitivement au piège que pourrait tenter de lui tendre l’un ou l’autre langage.


Le sens de cette fulguration – l’intelligibilité de la phrase construite autant que les modalités de son surgissement – m’échappe toujours mais je me dis que c’est peut-être, simplement, un jalon sur un chemin où je ne ferais que mes premiers pas.
D’ailleurs, depuis quelques jours, de petits fragments phrastiques bourdonnent avec insistance; ils cherchent obstinément à prendre forme… je crois ce soir pouvoir leur assigner celle-ci:
Un jour, je gravirai la montagne, l’aînée de tous les toits du monde, au sommet si haut, et si vieux, que la vue s’en perd pour ne plus le retrouver qu’en ce point purement métaphysique où, une fois parvenue, je sentirai enfin résonner en moi le chant des étoiles et ses échos mille fois dupliqués dans les vastitudes intersidérales.

Geste sans doute lié, en une énigmatique... constellation, à tout ce qui précède: j’ai changé avant-hier la série d’images aléatoires qui se relaient de jour en jour pour former le fond d’écran de mon ordinateur. Ce sont maintenant des photographies spatiales de la NASA qui emprisonnent aux dimensions dérisoires de cet écran les incommensurables distances cosmiques… Là, quelque part mais hors champ bien sûr, le sommet de «ma» montagne.

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 17:55
Diapason météorologique

[C'était hier déjà; l'euphorie causée par le surgissement, au creux des instants, d'une écriture perçue comme juste en sa toute première forme n'a pas résisté à mes sempiternelles hésitations face aux mots réellement actualisés, et l'inscription de ceux-ci dans le "moment présent" qui conférait l'essentiel de sa saveur à cette brève s'est dissoute de facto. Ne subsiste ici que l'artifice "littéraire" d'une reconstruction a posteriori de l'immédiateté par l'usage du présent.]

Un léger tapotis sur les volets clos me signale qu'il pleut ‒ une main tendue au-dehors une fois la fenêtre ouverte me précise que ce n'est pas tout à fait de la pluie, juste une bruine dense que des bourrasques de vent éparses rendent sonore. Ce n'est pas assez pour me dissuader d'aller courir et, dès les premières foulées, je me félicite de ma décision: je sens le déroulé fluide et agréable, l'accélération s'impose d'elle-même et tout naturellement l'allure augmente pour s'installer dans une allègre régularité. Je trouve dans cette régularité vive une intense satisfaction qui ne m'incite pas à rechercher la performance ni même les pointes de vitesse ‒ les profondes inspirations qui me donnent l'impression d'être tout entière en osmose avec l'air ambiant, froid et humide, suffisent à mon bien-être. Comme j'en ai l'habitude lorsque je cours, mes pensées prolifèrent mais, ce matin, leur discursivité est moins désordonnée. Et sans que je fasse aucun effort de réflexion particulier, je commence à écrire mentalement une lettre de condoléances en brouillon depuis tant de semaines qu'il devient indécent de ne pas l'envoyer.

Curieusement je sens que je vais au-delà des bribes: les mots, puis les phrases se succèdent aussi aisément que je cours, forment peu à peu une suite cohérente et juste, puis le texte s'épure jusqu'à ce qu'un ensemble satisfaisant soit achevé. En même temps, l'averse qui s'était substituée insensiblement à la bruine marque le pas; au ras de l'horizon le soleil levant déchire les nuées d'une échancrure blême... Le ciel claircit, la pluie continue de rapetisser jusqu'à s'interrompre ‒ ma lettre est prête, et ma séance d'entraînement touche à sa fin.

Il n'est pas rare que ma pensée, d'ordinaire profuse et brouillonne ‒ surtout lorsqu’elle s'emballe au gré de mes courses ‒ s'éclaire en simultanéité avec un subtil mouvement du ciel qui, obstrué, devient limpide, ou du vent qui, tempétueux, d'un coup s'apaise mais, en général, cela ne dépasse pas la trouvaille d'un mot ou d'une brève solution rédactionnelle à un problème qui me taraude. Mais que la lueur irradie ainsi un texte entier... j'en suis encore tout étonnée. Il me faut cependant convenir qu'une fois jetée sur le papier, la lettre que plus tard j'ai cachetée était assez différente de son patron mental. Elle n'en fut pas moins écrite aussi fluidement que son modèle était venu.

Plus curieux encore: tandis que la lettre elle-même prenait forme au rythme de mes foulées s'est esquissé en ombre portée le commentaire de cette élaboration scripturale ‒ une sorte de glose "en temps réel" sur le fonctionnent de la pensée où le descriptif des sensations se taillait une belle part. Et j'ai tout de suite été certaine que ce discours second, lui aussi fluide et allègre, ne se réduirait pas en poussière au terme de l'épreuve de concrétisation.

Le résultat est là....

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7 janvier 2016 4 07 /01 /janvier /2016 11:31
<em>Vus sous un certain angle, <br>les immeubles ont parfois l'air <br>de naître dans les roses.</em>
Vus sous un certain angle,
les immeubles ont parfois l'air
de naître dans les roses.

Le 4 janvier dernier un message tombé dans ma boîte à courriel m'invitait à souffler les sept bougies de mon blog. Le premier du genre – jamais jusqu’à présent l’équipe d’Overblog ne m’avait de la sorte signalé les anniversaires de mon installation sur leur plateforme, que j’avais d’ailleurs failli quitter lorsque, en août 2014, il m’avait fallu payer un abonnement Premium pour éviter que des fenêtres publicitaires viennent envahir et polluer mon petit bout de toile. Étrange que cette «première» coïncide avec le chiffre 7 quand l’usage est plutôt de marquer les durées sinon décennales du moins demi-décennales. Il est vrai que le 7 est symboliquement plus riche que le 5 ou le 10 – incomparablement plus riche, et que dois-je comprendre de ce qu’un lien s’établisse maintenant entre ce blog et ce chiffre?
Laissons la réflexion symbolique suspendue à ce point d’interrogation, telle la goutte d’eau qu’une brusque glaciation aurait gelée à l’extrémité d’un brin d’herbe à l’instant, infimement sécant, qui précède sa chute. Car elle me détourne de l’essentiel – ce qui justement est le plus difficile à exprimer et doit cependant poindre, l’écriture valant pour moi catharsis et même, parfois, élucidation.


C’est rien moins que mon rapport au temps qui s’est en partie décrypté à la faveur de ce message dont j’ai écrit qu’il était «tombé» dans ma boîte à courriel. «Tombé» comme peut l’être, au choix: un couperet, un ange puni, un diagnostic létal… Le qualificatif s’est imposé sans que je réfléchisse beaucoup avant de l’écrire – et je vois bien désormais qu’il n’y en avait pas d’autre possible: sans en avoir pleinement conscience je savais qu’il était le meilleur reflet du désagréable frisson qui m’a parcouru l’échine en lisant ce courriel, fruit d’un sentiment aussi complexe que vague et envahissant, d’une extrême «longueur en âme» dont j’espère bien que les dernières ondes mourront au terme de cet épanchement…


Ce chiffre m’a troublée – non, plus que cela: terrifiée. Sept ans... Sept ans… cela fait remonter le texte inaugural de ces ombreuses contrées à... 2009? Le calcul me désoriente : au bout de ce compte de sept, c’est un laps à la fois infime au regard du temps cosmique et tout de même conséquent à l’échelle d’une vie humaine qui prend corps – une infimité d’une durée abyssale… Et c’est pour moi l’abîme qui prévaut: 2009 me paraît si loin ! Un rivage perdu dans les limbes à force que passent les jours au point que je n’en vois même plus la silhouette dans mes souvenirs, disparue sous l’épais cumul de moments révolus. 2009, certes plus proche d’aujourd’hui que mes années d’enfance qui, elles, ne cessent de refluer avec une sidérante précision et de plus en en plus souvent sans que je les convoque – un effet de l’âge croissant, non pas la conséquence d’une nostalgie délétère et chronique mais, plutôt, mise à disposition d’éléments éclairants dont je ne pouvais, plus jeune, percevoir la signification – est, en termes de présence mnésique, comme effacée corps et biens dans les ténèbres non pas de l’oubli car je ne «perds pas la mémoire» au sens pathologique de l’expression mais, dirais-je, d’une dilution volontaire dans une même globalité indifférenciée de tout marquage temporel. Mue par ce qui n’est rien autre qu’une «pensée magique», je gomme consciencieusement le nom des années, me rendant ainsi incapable de les associer précisément aux événements qui, alors, sont privés de date dans mon petit calendrier intérieur sans pour autant être eux-mêmes désubstantifiés – j’agis comme s’il suffisait d’occulter les repères chronologiques et de ne plus les voir pour ne pas avoir à subir l’inéluctable érosion.

Il est vrai, aussi, qu'un facteur on ne peut plus matériel et technique favorise, ici, cette occultation des scansions temporelles: le volet «archives» ne laisse plus apparaître, comme aux premières années de ce blog, la totalité des mois de publication mais seulement les treize derniers – à ne se fier qu'à lui, n'importe quel primo-visiteur supposera que les Terres nykthes sont nées en janvier 2015. C'est une induction en erreur à laquelle je ne crois pas pouvoir remédier, mais Overblog a annoncé tout récemment d'importants changements à venir dans l'interface d'administration des blogueurs; j'espère que, au terme de ces changements, j'aurai à nouveau la possibilité de rendre visible toutes mes archives.

Sept années mais finalement, en proportion, peu d'articles; la raison en est qu'un texte, n'eût-il que quelques lignes, est d'une très lente édification: il exige de moi bien plus de temps que le temps n'en requiert pour passer....

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3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 12:55
Fourvoiement

En octobre dernier, l'ouverture, hautement médiatisée, de l'exposition Picasso.mania au Grand Palais avait donné lieu, entre autres initiatives touchant à cette figure majeure de l'art du XXe siècle qu'est Pablo Picasso (et l'on sait par ailleurs quelle icône il est devenu, inscrit désormais dans la mémoire culturelle du plus inculte des quidams ne serait-ce que du fait de l'association de son nom à un modèle d'automobile dont on se demande bien quel rapport celui-ci peut avoir avec les œuvres et les recherches esthétiques de l'artiste...), au lancement d'un de ces "cours en ligne pour tous" ‒ les fameux MOOC, (Massive Open Online Courses, en bon français) qui fleurissent en France depuis peu et semblent avoir d'emblée connu un immense succès. Assez mal contente de réaliser, moi qui me targue d'un intérêt prononcé pour les Beaux-arts et de me complaire à tous les questionnements qui de près ou de loin leur sont liés, que mes connaissances à l’endroit de Pablo Picasso n’excédaient pas celles du "grand public" ‒ je veux dire par là qu’elles se limitaient à un improbable faisceau mêlant, à deux ou trois œuvres emblématisées par les diffusions tous azimuts, quelques-unes de ces informations "people" dont on est pénétré sans avoir particulièrement cherché à les emmagasiner ‒ mais consciente, aussi, que cette ignorance résultait d’une affectivité peu émue par l’esthétique picassienne qui m’avait jusqu’alors détournée d’une œuvre pourtant capitale au regard de l’histoire de l’art, je me suis inscrite à ce cours à titre d'initiation.

Pour avoir déjà suivi de ces MOOC, pour la plupart d'ailleurs interrompus avant leur terme car il me semblait que, dans leur conception, le désir, et la nécessité, de vulgariser avaient abouti à de trop flagrants manques ou simplifications, je me doutais qu'il ne pouvait rien être de plus qu'une initiation mais c'était, précisément, ce dont j'avais besoin : un simple point d’appui à partir de quoi je pourrai, éventuellement, pousser ensuite plus loin mes explorations. De plus, ce type de cours, tout lacunaire qu'il soit, a pour moi cet avantage que s’en trouvent comblés ma curiosité et mon appétit de découverte en tant qu’ils sont inclination à apprendre "en passant", je veux dire hors de tout contexte spécifique d'apprentissage, par sérendipité souvent, et sans avoir à m'astreindre à la dure discipline de l'étude (que pourtant je vénère au plus haut point, peut-être justement parce que je me sais incapable de m'y plier sans y être de quelque manière obligée) sans laquelle on n’apprend pas...

J’ai retiré de ce cours le point d’appui que j’étais venue y chercher et me suis dit que la première des explorations dont il m’avait donné appétit pourrait être la visite de Picasso.mania. Outre que son caractère temporaire me commandait de me hâter et d’aller là avant même que de me rendre au musée Picasso dont les collections sont permanentes, j’avais été alléchée par les premiers mots de présentation: Cent chefs-d’œuvre de Picasso, dont certains jamais montrés… En ayant aussitôt déduit que c'était là une exposition à ne pas rater, je n’avais pas fait grand cas du petit bout de phrase glissé juste après les Cent chefs-d’œuvre…, indiquant que ceux-là étaient confrontés aux plus grands maîtres de l'art contemporain. J’étais persuadée qu'il ne s'agissait que d'une confrontation incidente, mettant ici ou là en correspondance, par l'accrochage, certaines œuvres de Picasso et leurs citations par quelques artistes des générations suivantes – faisant ainsi écho à cet art de la citation que lui-même, à l'instar de bien d'autres peintres, avait largement pratiqué en rendant de signalés hommages à ceux de ses prédécesseurs qu’il révérait tels Ingres, Manet, Velázquez… Pour dire à quel point m'avait été indifférente cette confrontation annoncée, je n'avais même pas pris le temps de déchiffrer la liste de noms égrenée ensuite, dont quelques-uns demeuraient attachés à des objets dont la vue ne m’avait pas inspiré grande estime.

Quelle n’a pas été ma déception en constatant très vite que la véritable vedette de l’exposition n’était pas Picasso mais… ses héritiers! Significativement, on est accueilli non par une œuvre de Picasso mais par une installation vidéo de dix-huit écrans montrant chacun le portrait en noir et blanc d’un des artistes exposés, portraits qui se colorisent à tour de rôle quand l’artiste filmé prend la parole pour expliquer ce que représente Picasso pour lui… Pour habilement conçue qu’elle ait été, cette installation ne m’a pas retenue longtemps: j’étais venue pour Picasso et, ayant aperçu du coin de l’œil, bien isolé par l’accrochage, l’Autoportrait de 1901.
Manifestement délaissé par les visiteurs, tous agglutinés devant les écrans dont je me détournais, il s’offrait tout entier à mon attention et j’ai profité de ce que pouvais m’en approcher au plus près pour m’y abîmer jusqu’à distinguer, selon l’angle sous lequel j’observais la surface peinte, les traces de pinceau. Voir ce genre de détail est extrêmement émouvant: c’est comme assister au surgissement de la main du peintre, vivante et au travail – quelque chose se met à vibrer dans la toile qui n’est plus tout à fait de l’ordre du visuel et ressemble beaucoup à une présence. Puis, tout d’un coup, j’ai vu, sans qu’elles s’évanouissent alors que je me déplaçais, d’infimes stries partant en faisceau de part et d’autre de l’entrœil – des moustaches de chat voilaient les deux yeux au regard si magnétique! Mirage? Ou réelle trace laissée dans la pâte?

M’arrachant enfin à la quasi hypnose où m’avait plongée ce tableau, j’ai poursuivi ma visite, de plus en plus déçue au fur et à mesure que je traversais les salles, ne voyant de Picasso que des œuvres représentatives d’une toute petite partie de son parcours, en effet confrontées à leurs citations – lesquelles m’ont paru manifester ce que l’art "contemporain" peut avoir de plus consternant dans sa facilité et son absence d’inventivité. Mais il y eut bien pire que l’ordinaire déception. La salle consacrée aux citations de Guernica allait me faire éprouver la plus profonde révulsion… Sur l’un des murs, un assemblage de dépouilles de loup! Des loups naturalisés! Je n’ose songer au nombre de dépouilles qu’il a fallu réunir pour constituer ce rectangle de quelque 3,5 mètres sur 7, censé reprendre les dimensions de la célèbre toile de 1937, ni à la façon dont l’auteur se les est procurées. Non seulement je trouve honteux de ravaler au rang de matériau des cadavres qui n’ont, ainsi, même plus la noblesse que l’on peut trouver, quelque opinion que l’on ait de la chasse, aux trophées, mais s’agissant en outre d’animaux que l’on s’efforce tant bien que mal de protéger et dont plusieurs espèces ont déjà disparu victimes de chasses abusives, cela devient proprement scandaleux. Le titre de la chose: Qui a peur du grand méchant loup? Ô quelle recherche! quel effort de symbolisation! Mais c’est affligeant!!! Plus scandaleux encore: personne ne semble s’indigner… Je risque d’être accusée de sentimentalisme stupide – après tout, ce ne sont que des bêtes… et puis, il est de bon ton aujourd’hui, dans certains "camps" idéologiques, de cracher sur tout ce qui se rattache de près ou de loin à un prétendu "boyscoutisme planétaire" et de vouer aux gémonies les organisations humanitaires – alors pensez donc: se préoccuper de la sauvegarde des animaux, quelle sottise, et de quelle mollesse tripale cela est-il le signe! Tant pis, j’assume. J’assume mon coup de gueule peu ciselé, je persiste, je signe, autant de fois qu’il le faudra. Et quand bien même je consentirais à ne m’en tenir qu’à des considérations plastiques, Qui a peur du grand méchant loup? se caractérisant par une totale absence de dépassement formel et de travail sur la matière, ce ne peut être autrement qualifié que de fumisterie.

Outre l'indicible révulsion causée par Qui a peur du grand méchant loup? qui ne s'amuit pas tandis que le temps passe ‒ et au contraire s'affûte dès lors que je l'évoque ‒ je retire de ma visite une immense déception, dont je dois bien admettre qu'elle est imputable à une colossale faute de lecture de ma part. Maintenant, le vif de ce désappointement s'atténuant, lui, tandis que le temps passe, je me dis qu'en définitive, j'ai simplement commis une erreur d'ordre chronologique et que cette visite, si elle avait été précédée d'une accumulation suffisante de connaissances, m'aurait tout de même dispensé une leçon, la seule au demeurant dont elle puisse être porteuse, à savoir une démonstration des plus instructives de ce qu'aura été la réception de Picasso après sa mort, de ce dont est capable de produire un certain "art contemporain" et, enfin, de ce que l'on entend aujourd'hui par "exposition-événement"...

PICASSO.MANIA
Exposition aux Galeries nationales du Grand Palais jusqu'au 29 février 2016. Plein tarif: 14,00€; tarif réduit: 10,00€.

PS. J’aurais aimé que ce texte soit le dernier déposé avant que s’éteigne 2015. Mais, l’ayant commencé le 31 décembre au matin, c’était chose impossible tant je consacre de temps aux multiples relectures, toujours, évidemment, assorties de repentirs incessants. Tandis que tournaient dans ma tête des phrases éparses que j’assemblais et désassemblais mentalement sans que rien se fixât sinon cette idée récurrente que j’avais manqué le coche du 31, j’entendais, ce vendredi 1er janvier 2016 sur France Culture, s’annoncer l’invité-mystère d’Adèle van Reeth, Philippe Domecq qui allait évoquer son livre Trente ans d’art contemporain (Pocket). Il eut à plusieurs reprises de ces propos limpides dont je sentais qu'ils éclairaient comme par magie quantité de ressentis qui se meuvent en moi comme de vagues magmas ‒ une fois de plus, je voyais se nouer d’opportunes synchronicités…

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26 décembre 2015 6 26 /12 /décembre /2015 19:20
Composition vraquée...

Encore une fois le mois allait s'esquiver sans que j'aie pris le temps de déposer ici quelque bribe censée assigner en surface un peu de cette matière souterraine ‒ réflexions, songeries, longs discours qu'intérieurement je me tiens en continu sans que jamais le silence se fasse... ‒ qui se meut continument sous mon crâne, à laquelle manque cruellement un volcan qui lui livrerait passage. Elle reste là dans les tréfonds, en dépit d'incandescences éblouissantes qui parfois la traversent quand tout d'un coup un nœud se défait, des connexions s'établissent d'où saille une ébauche de réponse à l'une ou l'autre question que je me posais. La substance abonde, et la fulgurance incitative, qui devraient susciter une écriture frénétique. Mais non. D'ailleurs, peut-être est-ce justement la pléthore qui désertifie, l'aridité de la page pouvant être imputée à la suffocation des phrases dans leur propre prolifération...

Là où le fragment abrupt et totalement décontextualisé semble s'imposer parce que seul apte à porter le sens que j'entends exprimer, j'ajoute, rajoute, développe... et m'embourbe dans des tentatives de plus en plus malheureuses au fur et à mesure qu'elles se succèdent. Chaque fois que je me risque à l'extrême abrasion phrastique aussitôt je me repens et reformule jusqu'à ce point critique où la dilution par ajouts s'achève par un tel alourdissement d'ensemble que se noie en lui-même ce qui aurait dû être signifié. Alors j'efface: annihiler plutôt que noyer.

Et si, au moins pour cette page, je faisais du mélange improbable, du vrac sans cohésion, une bouée de sauvetage? Voyons... il y aurait des relents d'enfance, consécutifs à la sortie de dernier album d'Astérix, Le Papyrus de César ‒ mais, touchant au petit monde de l'édition et à ses pratiques plus ou moins honnêtes, à la question de la mémoire, au mode de transmission, opposant l'écriture à la tradition orale, il m'emmène en des sphères excédant de beaucoup la remémoration nostalgique. C'est trop pour ne rédiger qu'un petit élément compositionnel. Un livre aussi, juste achevé, acquis à l'improviste voici trois semaines quand je n'entrai dans la librairie-papeterie où je l'ai acheté que pour me procurer une enveloppe de format A4 ‒ mais là encore, son sujet, ce qui m'a poussée à l'achat et, désormais, ce que j'y ai trouvé en le lisant imposent que j'écrive pour lui un texte isolé. Et enfin, quantité de petites pensées concernant la photo.

Du vrac initialement médité il ne restera qu'une partie de ces dernières: commençant à écrire c'est autour d'elles que j'ai finalement attaché les propos qui se tenaient le mieux ‒ à mes yeux s'entend...

25 décembre. Voies photographiques

Une fois de plus, j'ai arpenté quelques rues parisiennes avec le projet bien arrêté de "faire des photos" suivant une thématique elle aussi bien arrêtée: profiter de la fermeture des boutiques pour photographier des devantures sans me heurter aux protestations des commerçants. Les décors imaginés à l'occasion des fêtes de fin d'année offrent de foisonnants spectacles que transcendent encore les jeux de réverbérations ordinaires des parois vitrées augmentés, là, de ceux induits par les innombrables ornements scintillants ou transparents qui font brasiller les moindres clartés venues les frapper. Du pain bénit photographique...et d'ailleurs, pas plus tard que la semaine dernière, j'avais marqué de longs temps d'arrêt devant plusieurs de ces vitrines, non pas hypnotisée par les articles qu'elles mettaient en valeur mais rêvant à la manière dont je pourrais, munie de l'un ou l'autre de mes boîtiers, tirer parti des compositions que je scrutais. J'entrepris donc de retrouver ces boutiques mais, curieusement, une fois atteinte ma destination, ce qui m'avait accaparée quelques jours auparavant avait perdu tout attrait: je ne voyais plus rien qui méritât une recherche de cadrage, une patiente mise au point... J'ai laissé mes boîtiers dans leur sacoche ‒ bredouille, une fois de plus? Allons, il suffit d'aller ailleurs marcher... J'ai donc poursuivi ma balade hasardée, et en effet d'autres décors que ceux visés m'ont finalement inspiré quelques images. Mais je suis rentrée sans avoir vécu le moindre de ces surgissements qui, en plus de motiver une, voire plusieurs, prise(s) de vue, me laissent longtemps sous le charme d'un émerveillement ‒ un mot auquel je donne un coup d'italiques, histoire de lui insuffler un peu du sens magique qu'il a pour moi dans ces circonstances-là, et seulement dans ces circonstances-là. Point de charme donc. Quelques photos néanmoins, dont je ne retiens qu'une, insérée ci-dessous:La petite robe rouge pour paraphraser Guerlain...

"Lorsqu'on veut vraiment faire une photo, il y a toujours un moyen", a dit en substance l'artiste photographe Thierry Volpi à l'occasion d'une mémorable rencontre organisée à l'intention de ses membres par l'association Photovision France et sur laquelle je m'impose de revenir plus longuement tant elle a été pour moi riche d'enseignements. Depuis, cette affirmation me tient lieu de balise: les obstacles, quand ils sont techniques, se surmontent toujours, fût-ce au prix de quelques contorsions ‒ plus question pour moi de les brandir comme prétexte à mes renoncements; je me dis même que ces "os" techniques devraient au contraire m'apporter un surcroît de motivation et stimuler ma pratique en requérant des efforts particuliers pour les rendre inopérants. Reste qu'il y a des empêchements plus obscurs, dont on n'a pas conscience et que l'on attribue, de ce fait, à un manque de maîtrise technique, à de mauvaises conditions extérieures ou encore à la faiblesse d'un matériel prétendument inapproprié alors que l'impossibilité de photographier qu'ils provoquent n'a, en réalité, d'autre humus que de sombres nodosités intérieures.

Une fois ceci compris, reste à passer outre ces goulets d'étranglement...

Ces mannequins aux visages sans traits qui habitent les devantures ‒ et sont parfois dépourvus de tête, devenant alors plus dérangeants ‒ me fascinent... Outre que les regarder à travers la vitre revient à se tenir sur un seuil interdit que l’on ne s’autorise pas à franchir sans pour autant se résoudre à s’éloigner, persistant à s’immobiliser là, dans l’entre-deux, en un point d'équilibre précaire et déstabilisant, les dispositifs d’éclairage que les décorateurs installent accentuent encore leur inquiétante étrangeté intrinsèque. Sitôt vue, cette créature bien carrée dans son fauteuil grand style, à la posture hiératique et aux formes parfaites valorisées par sa magnifique robe de soirée mais si curieusement étêtée, comme guillotinée puis rappelée d'entre les morts, m’a arrêtée et je n’ai pas quitté l’endroit avant d’avoir pris deux ou trois photos. Lorsque plus tard j’ai visualisé ma petite collecte tout d'un coup sur l’une d’elles je me suis avisée qu'il y avait un mince trait blanc ‒ un bête reflet dont je n’avais pas eu conscience à la pise de vue tant j’étais rivée sur cette femme sans tête ‒ flottant bizarrement là même où se serait trouvée la bouche s’il y avait eu un visage, tel un sourire ; ce trait pouvait tout aussi bien évoquer le fil clair d'une cigarette que tiendraient des lèvres absentes. Alors j'ai foncé l'image jusqu'à ce que l'obscurité absorbe totalement les vagues formes sur lesquelles se détachait la teinte claire du bois verni. Le trait lumineux s’est aiguisé, aiguisé encore tandis que l’ombre densifiée rendait évidente – oserai-je écrire nécessaire? – la présence d’une tête invisible. Et c’est, in fine, un spectre que j’ai convoqué…

Ces mannequins aux visages sans traits qui habitent les devantures ‒ et sont parfois dépourvus de tête, devenant alors plus dérangeants ‒ me fascinent... Outre que les regarder à travers la vitre revient à se tenir sur un seuil interdit que l’on ne s’autorise pas à franchir sans pour autant se résoudre à s’éloigner, persistant à s’immobiliser là, dans l’entre-deux, en un point d'équilibre précaire et déstabilisant, les dispositifs d’éclairage que les décorateurs installent accentuent encore leur inquiétante étrangeté intrinsèque. Sitôt vue, cette créature bien carrée dans son fauteuil grand style, à la posture hiératique et aux formes parfaites valorisées par sa magnifique robe de soirée mais si curieusement étêtée, comme guillotinée puis rappelée d'entre les morts, m’a arrêtée et je n’ai pas quitté l’endroit avant d’avoir pris deux ou trois photos. Lorsque plus tard j’ai visualisé ma petite collecte tout d'un coup sur l’une d’elles je me suis avisée qu'il y avait un mince trait blanc ‒ un bête reflet dont je n’avais pas eu conscience à la pise de vue tant j’étais rivée sur cette femme sans tête ‒ flottant bizarrement là même où se serait trouvée la bouche s’il y avait eu un visage, tel un sourire ; ce trait pouvait tout aussi bien évoquer le fil clair d'une cigarette que tiendraient des lèvres absentes. Alors j'ai foncé l'image jusqu'à ce que l'obscurité absorbe totalement les vagues formes sur lesquelles se détachait la teinte claire du bois verni. Le trait lumineux s’est aiguisé, aiguisé encore tandis que l’ombre densifiée rendait évidente – oserai-je écrire nécessaire? – la présence d’une tête invisible. Et c’est, in fine, un spectre que j’ai convoqué…

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26 novembre 2015 4 26 /11 /novembre /2015 15:11

[1. Petite rétrospection]

Dimanche 15 novembre, 10 heures.

Travaillant à la relecture d'un jeu d'épreuves, je découvre un chapitre intitulé "Le chariot abandonné". Étonnant... un chapitre littéraire consacré à ces chariots de supermarchés qui jonchent l'espace public au petit malheur la négligence quand ils devraient ne pas quitter les enclos qui leur sont réservés dans les parkings ou à l'intérieur des magasins, que je ne cesse de rencontrer ici ou là dès que je sors de chez moi et qui aimantent systématiquement mon regard! Car il n'en est pas un qui ne m'ait soufflé une idée de photographie. Celui-là à demi avalé par une haie telle une grosse bête farfouillant le sol du museau pour en tirer sa subsistance... cet autre renversé sur le flanc dans un escalier qui m'a aussitôt fait penser au landau du Cuirassé Potemkine. Et ces deux non plus en métal mais en plastique rouge et bleu, tombés roues emmêlées dans un creux de terrain en friche dont la végétation vert profond offre une magnifique complémentarité chromatique avec ces rebutés... Toujours mon regard est happé et à sa suite une composition imaginée prend forme... que je m'efforce rarement de concrétiser. Or ce matin-là, j'avais décidé de retrouver un semblant d'opérativité photographique et de tenter une sortie en milieu de journée pour tâcher de réchauffer mon "voir", de dégeler quelques gestes – bref, pour réinstaller la photographie dans mon regard et dans mon corps. Et justement, un de ces "chariots abandonnés" m'occupait l'esprit... Je vais chaque matin courir autour d'un lac, dont certaines rives sont plus que d'autres prises pour dépotoir par des promeneurs indélicats. Comme à la Samaritaine, il y a de tout: canettes, bouteilles, sacs en plastique, détritus alimentaires, petit mobilier – et bien sûr des chariots, plus ou moins immergés. Il est rare que ces encombrants déchets stagnent là plus de deux ou trois jours – les services de voirie sont en général extrêmement vigilants et les font très rapidement disparaître. Mais celui-là qui me hante est au même endroit depuis plus de deux semaines, et dans la même position: droit sur ses roues, au bas d'une rampe de béton en légère pente qui glisse vers les eaux du lac. Dès que je l'ai vu la première fois il m'a suggéré une histoire confuse de solitude, d'hyperconsumérisme destructeur... et la manière dont il s'inscrivait dans le décor avait, de plus, quelque chose qui me paraissait merveilleusement graphique – autrement dit: il y avait là de la photo à prendre. Or, comme j'en ai l'habitude, j'ai laissé l'image vivre dans mon imagination – et là seulement. Jour après jour, le chariot restait là... à tel point que j'ai fini par songer qu'il attendait mon geste photographique! Alors enfin, ce dimanche 15 novembre, j'ai décidé que ce serait "le jour de la photo"...

Rencontrer ce chapitre presque aussitôt après avoir pris cette décision était, indéniablement, un de ces signes faisant synchronicité que je me plais tant à repérer dans le tissu des jours. Les délais impartis pour achever mon travail de correction me le permettant, j'interrompis là ma relecture pour figer le surgissement du chariot littéraire en un point où il allait pouvoir croiser le chariot réel autour duquel j'avais commencé de bâtir une sorte de fantasme photographico-narratif. Ou plutôt pour que ce surgissement rende effective l'aventure photographique...

[2. La sortie]

Dimanche 15 novembre, 15 heures.

Je suis au bord du lac, devant "mon" chariot. Mais quelque chose me déçoit que je n'identifie pas... je ne le trouve plus aussi attractif; il a un air banal, il ne me raconte plus rien... plat et triste, révoltant comme n'importe quel déchet. Est-ce parce que la lumière du début d'après-midi est trop différente de celle du matin? parce qu'il fait moins gris et que le ciel, maintenant dégagé, livre passage à un superbe soleil allongé sur l'horizon qui éclipse la morosité du rebuté? Puis je réalise que la mutité soudaine du chariot est très certainement imputable à ce léger changement dans sa position: il a les roues dans l'eau et, de ce fait, a perdu son inclinaison qui le rendait si pathétique – et si parlant. Tant pis: je suis venue faire des photos, alors j'en fais, numériques et argentiques. Mais très peu du chariot: mon Coolpix me montre tout de suite que je ne capte rien de ce que j'espérais. Quant au film, il gardera jusqu'au développement le secret de la réussite ou de l'échec. Rien que de très normal à ma déception: j'ai trop attendu.

[3. Épilogue]

Jeudi 26 novembre, 8 heures.

Le chariot est encore là, à cette même place où, voici dix jours, je l'ai photographié, les roues dans l'eau. D'autres zones du lac encombrées de détritus ont été nettoyées mais lui est encore là.
Qu'est-ce que cela raconte?

Bilan d'un échec, fruit d'une intention toujours repoussée...

Bilan d'un échec, fruit d'une intention toujours repoussée...

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21 novembre 2015 6 21 /11 /novembre /2015 10:45

11 heures 30, mardi 17 novembre – presque quatre jours après

J’approche de la rue Molière au pas de charge car je suis très en retard. Pourtant, au moment même où je m’apprête à m’y engager je marque un temps d'arrêt: mon regard vient tout juste d'être happé par la ligne de cônes de voirie qui délimite, parallèle au trottoir de droite, un espace interdit au stationnement. Tous sont ornés, de part et d’autre de leur partie supérieure en un vis-à-vis quasi parfait, de deux roses noires droites sur leur tige peintes au pochoir. Du point où je me trouve, en légère contre-plongée puisque j’aborde la rue au bas de sa pente, ces fleurs de nuit toutes identiques sont, par la disposition des cônes, impeccablement mises en perspective et forment deux alignements sidérants. La densité légère et charbonneuse des motifs, leur similitude multipliée, la géométrie que leur succession dessine et l’angle sous lequel je les aperçois m'évoquent un vol de libellules figé. Je ne doute pas un instant qu'il s'agit là d'un geste graphique en réaction aux attentats de vendredi, un signe d'hommage aux victimes et de deuil partagé avec "ceux qui restent".

Plus peut-être que l'intérêt visuel, c'est la conscience instantanée, limpide, de cette signification (je réalise aujourd'hui, en écrivant cela bien après le "moment vécu", que je n'ai même pas été effleurée par la pensée qu'il puisse s'agir d'une peinture urbaine sans aucun rapport avec les attentats. Et si???) qui m'incite à m'arrêter: là, dans le secret d'une petite rue étroite, très loin des lieux meurtris et des espaces que la collectivité a plus ou moins officiellement voués à accueillir les bougies, poèmes, fleurs, offrandes en tout genre que l'on vient déposer en se recueillant comme on va fleurir les tombes et prier, non pas sur un mur où la visibilité eût été immédiate, grande ouverte, et durable, mais sur des cônes de plastique que les passants ordinaires ne voient presque jamais et destinés à ne rester en place que quelques heures, au mieux quelques jours, quelqu'un a pris le temps de peindre une à une ces roses, de les ordonner par paire sur chaque cône de telle manière qu'elles s'égrènent en un parfait alignement... Ce geste est d'autant plus émouvant qu'il s'est exprimé dans la plus extrême discrétion, par une trace laissée sur des supports d'une indicible banalité, qu'elle anoblit sans les affranchir complètement de leur trivialité. Et puis... encore autre chose donne à ces roses un caractère singulièrement prégnant: je sens une forte tension entre la minutie avec laquelle la symétrie a été ordonnée, forcément chronophage, et la rapidité d'exécution que suppose l'usage du pochoir. J'imagine le pschhh typique d'un aérosol de peinture, la main véloce qui le manie: je me figure un graffeur surdoué fleurissant les cônes à la vitesse d'un coup de vent...

En même temps que je vois, je pense «photo»; une image photographique se construit dans ma tête et, avec elle, le geste, la posture qui permettraient de la fixer. Las… je n’ai pas sous la main mon Coolpix si pratique pour les captations inopinées mais, pour autant, je ne peux me résoudre à refouler cette pulsion photographique… Que faire? Mon mobile, évidemment! oh, je sais que sa fonction «appareil photo» est très sommaire car ce mobile est un dinosaure de sept ans d’âge… mais il m’a tout de même par le passé autorisé quelques images dont aujourd’hui encore je suis assez satisfaite et je me dis que , maintenant, il est mon seul recours. Alors va pour la photo-mobile... Durant quelques secondes je ne pense plus qu’à la prise de vue – tenter de saisir l'ensemble de l’alignement? Se contenter d'un seul cône et, alors, lequel choisir? Prendre tout le cône ou bien tâcher de ne cadrer que la fleur d’aussi près que je le peux?

Pendant que ces interrogations se succèdent si vite qu’elles en sont quasi simultanées, je fouille dans mon sac pour exhumer de ses profondeurs ce téléphone logé dans son étui de protection. Je l’ouvre, déploie son menu, sélectionne l’icône «appareil photo», incline l’écran, tente deux ou trois cadrages sur le sommet d'un cône touchant presque une berline noire et appuie sur le déclencheur… pour m’apercevoir, une fois l’image stabilisée et enregistrée, qu’elle restitue ce que je voulais garder. Tant mieux: je suis pressée et, d’ailleurs, ma batterie s’étant considérablement aplatie, il est plus que probable qu’une seconde prise de vue l’aurait épuisée tout à fait. Je m’arrache donc sans trop de regret à ce bref arrêt-pour-image, laissant derrière moi l’enfilade de cônes fleuris au noir. Heureuse surtout d’avoir obéi à ma pulsion photographique sans la laisser s'étioler, me disant que, spontanée et satisfaite, elle répondait au geste vif-argent du fleurisseur anonyme et que cet écho suffisait à la valider, quand bien même l'image captée serait un lamentable flop.

La question qualitative reste en suspens: faute d'être rompue au bon usage de toutes les fonctionnalités de mon mobile, désuet qui plus est, je n'ai pas su exporter la photo sur mon ordinateur et, à cette heure, elle est toujours prisonnière de mon téléphone. Je n'ai peut-être pas lieu de m'en plaindre: à ne pouvoir la regarder que réduite aux dimensions minuscules de l'écran du téléphone, je suis dans l'impossibilité de déceler ses défauts et puis donc continuer à croire qu'elle a touché au but.

Peu importe au fond la photo: je crois que ce qui aura surtout compté pour moi, ce mardi matin, c'est d'avoir vécu un de ces acmés de foisonnements qui magnifient les jours. J'entends par «acmé de foisonnements» un moment exceptionnel où une sensation me traverse et qu'avec elle affluent à la fois des pensées, des souvenirs, des rêveries, des réminiscences, des éclairs de compréhension... que j'éprouve tous ensemble et séparément, dans leur confusion et l'acuité de leurs limites, dans leur diversité et leur individualité, leur épaisseur qui-fait-trace et leur éphémérité...
Une immense et dense constellation qui, plus sans doute que l'image et la pulsion photographique, a été l'objet de ce texte laborieux.

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 10:25

Juste un petit signe à deux amis dont les réponses aux attentats de vendredi m'ont touchée....

Jean-Paul Tribout, à qui j'avais envoyé un message afin d'avoir de ses nouvelles après les attentats de vendredi, me répondait mardi qu'il était en tournée avec Le Mariage de Figaro. Le soir même une représentation était programmée à Saint-Cloud. Lui et l'équipe du spectacle font partie de tous ces artistes qui choisissent de s'insurger contre l'horreur en continuant à être des artistes. Et à son spectacle point d'autre sceau de circonstance, m'écrit-il, que la lecture, au moment des saluts, de sa note d'intention qui dès la création avait figuré sur les programmes, invitations et flyers dont il me dit qu'elle lui semble résumer tout ce qui justifie, pour nous tous, l’exercice de nos métiers dans leur différentes approches en ces temps difficiles.
En voici le texte:

À l’heure des inégalités croissantes, de l’individualisme triomphant, de la résurgence de l’irrationnel, des tentatives de certains de réhabiliter la notion de blasphème, de la montée de tous les intégrismes, j’ai envie de faire entendre à nouveau la prose insolente de Beaumarchais , cet hymne à la joie, cette fête pétillante de l’esprit, cette capacité à utiliser toutes les formes théâtrales, du dialogue philosophique au vaudeville, pour prendre la défense de toutes les libertés contre la bêtise autosatisfaite qui mène à la barbarie.

Quelle que soit l'exceptionnalité des événements qui croisent la route de ce spectacle ‒ déjà, en janvier dernier, il commençait sa carrière parisienne alors que venaient d'être perpétrés les attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et la supérette cacher ‒ ces mots qui ont été écrits indépendamment de leur survenue gardent toute leur pertinence et prennent même un relief singulier par la sobriété dont ils témoignent. À nouveau la pièce de Beaumarchais s'inscrit dans un "cours des choses" tragique et sanglant; à nouveau les comédiens entrent en résistance en la jouant malgré tout et s'élèvent, par leur art, contre la barbarie. Au vu de ces funestes échos qui se répercutent ainsi le long des mois, je me dis que ce spectacle est marqué, que la pétulance du texte et le fond philosophique qui l'étoffe le vouent, tout particulièrement, à servir de repoussoir à ces obscurantismes qui de toute façon sont dénoncés.

Julien V., quant à lui, a très vite publié sur son site k-libre un édito dominé par le portrait de Humphrey Bogart ‒ c'est à sa fameuse réplique We'll always have Paris, prononcée à l'adresse d'Ingrid Bergman dans Casablanca qu'il doit de figurer là ‒ dans lequel il invite à relire Albert Camus et à prendre le temps de réfléchir, donc à s'abstenir de trop parler et trop vite. Outre que j'apprécie, une fois de plus, sa prose, directe et sensible/sensée, je trouve beau, aussi, cette façon de réunir en un même appel à la réflexion, une référence au cinéma et à la philosophie.

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