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29 avril 2024 1 29 /04 /avril /2024 11:06

Le besoin – le besoin, non le désir, ou l’envie, ni même la pulsion au sens d’inclination incontrôlée quasi pathologique – de former des phrases, un texte, qui emprisonnent des fulgurances (constats, sentiments/sensations, pensées, résurgences, développements introspectifs, etc.) persiste dans sa force, et se mue plus souvent qu’à son tour en tourment. En véritable tourment, tel un rapace prisonnier de ma boîte crânienne qui tournerait là inlassablement, déployant ses lentes, régulières, oppressantes girations jusqu’à ce que je franchisse le seuil de l’acte scriptural. Soit en saisissant un stylo et une feuille de papier, ou bien en ouvrant le capot de mon ordinateur afin de jeter sur un «fichier word» ces mots et phrases accumulés dans le désordre jusqu’à déborder et exigeant impérieusement d’être mis en forme – i.e. ordonnés en une composition à la fois signifiante et qui fût pourvue de quelque intérêt esthétique. Il devrait en résulter un soulagement, un semblant de paix intérieure, dût-elle être temporaire… pourtant je bloque. Je laisse, de plus en plus longtemps, ces mots et phrases, passer en rangs serrés, planer ou au contraire stagner des jours et des jours en moi sans leur donner un semblant d’issue – une publication ici, fût-ce sous forme d’une «brève d’un jour», voire d’un «sans nom», ma dernière trouvaille catégorielle pour tâcher d’offrir une case acceptable à ces jets que je ne parvenais pas à ranger ailleurs mais sans pour autant savoir les jeter, les détruite. Une catégorie que je suppose mieux à même que les autres de ne pas rester déserte trop longtemps. À tort, ou à raison...

Mais où donc est le danger de telles publications, dans un blog aussi confidentiel que celui-ci? Faut-il qu’il soit immense pour que je me dérobe aussi souvent!

Je ne fais que répéter là (et en des termes différents je l’espère) un questionnement obsessionnel, un désarroi – un cri silencieux qui n’en hurle pas moins – maintes fois exprimé ici même et pourtant je me laisse aller une fois de plus à contempler cette étreinte sourde et maléfique qui enserre mon geste dans un étau avant qu’il aille à son terme afin d’essayer, une fois de plus, de m’en libérer. Mais c’est chose vaine car ces mots et phrases trouvés pour dire cette incarcération n’ordonnent nullement les profondeurs obscures que la lumière d’un texte dissiperait enfin. À sans cesse textifier autour de l’impossible écriture je me soulage à pas si bon compte que cela puisque «le dur», ce qui résiste contre vents et marées à la textification, continue de se lover immobile en moi tel un increvable abcès.
Je circonvolue inlassablement sans oser de pas décisif… je me sens très probablement mieux protégée d’un quelconque effondrement cataclysmique par l'empêchement imputable à cette angoisse qui littéralement me «prend aux tripes» chaque fois que je consens à «écrire» (alors qu’il n’y a objectivement pas le moindre enjeu) que par le consentement à l’écriture solutionnante, celle qui textifierait significativement cette masse molle, mouvante, dense et incandescente comme du plomb en fusion qui se meut tout au fond de mes abysses intérieures.

 

Voici une dizaine de jours, tandis que je lisais Le Donjon de Lonveigh de Philippe Le Guillou (j'y reviendrai [enfin... j'ai l'intention d'y revenir et une ébauche est écrite qu'il me faut étoffer, compléter, affiner - en d'autres termes remanier afin qu'elle prenne sens et s'ajuste au vouloir-dire qui est l'humus du texte]), une fulgurance m'a traversée qui m'a détournée un moment de la lecture, le temps de retourner la bande-test photographique devenue marque-page et d'y inscrire ceci, en lignes onduleuses et mal raboutées, au crayon:

Voir apparaître l’image au fond du bac de révélateur me donne le sentiment de vivre un moment lustral. Une épiphanie lustrale. En tirant – en travaillant en chambre noire –, je porte sur les fonts baptismaux mes douleurs et mes failles, mes fautes irrémissibles (que je n’identifie pas de manière certaine mais dont je sais qu’elles gisent là quelque part dans l’obscurité de mes pensées – et de mes peurs). Je les lave de leurs lèpres corrodantes et leur donne une légitimité de lumière, en noir et blanc, sur la feuille de papier baryté aux tons froids des hivers de l’âme.

 

À n’en point douter il y a là une clef. Quelque chose de fondamental qui se dit de mon rapport à la pratique photographique, sans quoi je n’aurais pas pris le risque – car il s’agit bien, dans cet acte d’écriture, d’une prise de risque même si je ne vois pas ce qui le revêt d’une telle gravité – de l’arrêter ici dans sa forme native presque sans retouche, telle que je l’ai notée sous le coup de son irruption, en ayant soin de surcroît de noter, aussi, les circonstances de son émergence (lesquelles doivent donc tout autant valoir clef).

De même doit valoir clef l'image que j'ai choisie pour accompagner ce texte. Elle était déjà épiphanique lors de la prise de vue: en 2004, au musée Bourdelle, dans ce qui était le logement du sculpteur, un grand crucifix médiéval en bois était exposé, face à un tableau protégé par un verre. Je cherchais, une nouvelle fois, comment capter, avec mon reflex Minolta, cet ineffable qui, dans le visage christique, me fascinait et que je n'avais pas encore réussi à fixer sur la pellicule en dépit de tentatives répétées (cadrage difficultueux, incidence lumineuse toujours insatisfaisante... et, de ma part, manque de cette habileté technique qui m'eût permis de jouer efficacement sur les réglages). Soudain, je perçois son reflet dans la vitre protectrice... j'élève mon appareil, je cadre, mets au point, déclenche... Une seule prise de vue. Comme on dit, ça passe ou ça casse. Au développement, le négatif semble correct. Et le tirage confirme: j'obtiens exactement ce que j'espérais – une image à la fois assez explicite, et nimbée d'étrangeté, autant que de douceur, sans bruit intempestif. J'ai néanmoins essayé plusieurs fois de reprendre la même vue, chaque fois que je me trouvais dans cet espace avec une lumière analogue (et ce jusqu'à ce que de récents travaux chamboulent les configurations du musée, et que l'on déplace ce crucifix dans l'atelier) en espérant capter autre chose, un supplément quelconque, mais jamais, je dis bien jamais, je n'ai revu dans mon viseur ce qui, alors, avait passé sur la pellicule. Là aussi, dans cette unique manifestation, quelque chose se dit (que je ne décrypte pas. Pas encore)...

 

Voilà désormais vingt ans que cette image conserve à mes yeux son pouvoir de signifiance.

Elle est donc «réussie», à l'exacte confluence de l'acceptable technique et de l'intention esthétique.

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27 avril 2024 6 27 /04 /avril /2024 10:44

Plantée au cœur de la nuit

L’insomnie.

Le vaste blanc du sommeil interrompu – sans brutalité, comme cela… avec une douceur de voile qu’on soulève.

Corps délassé, souffle ample, cœur lent... mais de sommeil, point.

Yeux clos, sur le dos, je suis d'une immobilité quasi parfaite que plisse la seule alternance d’inspirations et d’expirations chacune d'elles profondes. Rien qui justifie ce plein éveil et pourtant…

Je suis là étendue, lasse et creusée de raideurs, érodée par ce manque délétère et qui se répète nuit après nuit: le sommeil qui se refuse et dont l’absence me prive de réconfort.

Quel est donc ce ressort secret qui demeure en tension continue, fait par là obstacle à toute paix, physique et mentale? Serait-ce une fissure par où se faufilerait, sûr de sa victoire à moyen terme, l’instinct de mort – le fil ténu d’une pulsion suicidaire longeant les tréfonds obscurs de mes angoisses et les strangulant peu à peu, comparable à l'inclination fatale qui pousse le dipsomane toujours plus avant dans sa quête de l’ivresse jusqu’à ce que mort s’ensuive sans qu’il ait à agir en toute volonté pour se faire disparaître?

Suprême lâcheté que ce suicide passif! mais au fond n’est-ce pas une lâcheté constante qui aura gouverné ma vie – dérobades, préférence donnée aux colères rentrées et lâchées dans les moments de solitude sur les refus clairement dits, les oppositions frontales?

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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 17:22

…et mettre en ligne une page de journal écrite le matin même.

De retour à Gourdon et prise dans les lises infiniment visqueuses des démarches, des paperasses, des formalités dont je ne savais pas un traître mot jusqu’à ce que la mise en vente du Barry Bas m’en révèle le nombre, l’étendue, la complexité et qui par là me deviennent encore plus haïssables qu’elles ne l’étaient quand je les percevais comme de simples signes me parvenant, très vaguement, d’une face de l’existence dont je refusais d’entendre parler et de tenir compte (surtout parce que les échos de cette face, de ce versant tout entier voué à la matérielle, aux factures, aux papiers-à-remplir… étaient répercutés par la seule voix de mon père,  incarnation d’une «loi» à laquelle je tentais à toute force de me soustraire mais en vain car cette loi-carcan avait pour corollaires une affection, un amour indéfectibles dont je n’aurais su me passer, et dont il me faut bien aujourd’hui me passer, la mort ayant fait son œuvre), perdue, donc, devant ce vaste horizon de chantiers en cours (mentaux et matériels) sans que j’en voie la ligne tant elle est éloignée, je me suis réfugiée comme souvent dans la quête photographique.

J'ai en effet quitté Créteil munie de mes deux reflex, Topcon et Minolta, car je m’étais promis de «faire des photos», sachant qu'ainsi je pourrai peut-être desserrer un peu l’étau horrible où m’emprisonne la «maison-à-vider», ce Barry Bas tant aimé mais devenu un étouffoir saturé d’objets (et à travers eux de souvenirs) cantonnés au grenier dans l’immobilité d’un sommeil jamais dérangé, censé les préserver alors qu’ils se corrompaient doucement, inéluctablement, sous leur linceul, épaissi d’année en année, de poussière, de toiles d’araignées et d’entassements supplémentaires… Objets défaits, puant le moisi avec quelques arrière-notes de naphtaline – l’odeur de charogne des choses momifiées – dont la rencontre équivaut à recevoir l’immonde baiser de l’implacable corrosion universelle qui, où qu’on la relègue (grenier ou cave, placard enfoui dans une pièce close à  double tour…), ne manque jamais de suinter, de sourdre jusqu’à vos pieds de vivants pour s’élever à l’assaut de votre âme, l’étreindre tel un constrictor et mieux vous rappeler que des pans entier de vous sont déjà morts et pourris tandis que le peu restant est en instance de tomber en ruine.


Les circonstances incitaient à la photo: à 9 heures le soleil brillait après une nuit de précipitations abondantes, faisant luire mille lueurs adamantines sur les feuilles et fleurs d’un jardin en pleine luxuriance car non entretenu depuis des mois, où donc la nature a libre cours. Dès hier j’avais vu que le pied de pivoine dont j’avais si étroitement suivi l’évolution durant les mois confinés portait encore deux ou trois fleurs, certes quasi fanées mais photogéniques tout de même. Et les voilà magnifiées, perlées de ces innombrables gouttes de pluie! j’ai donc inséré une pellicule de 100 ASA dans mon Minolta puisque lui seul accepte ma lentille macro. Et c’est une dizaine de pivoineries qui en une demi-heure furent fixées sur pellicule. La pensée requise par la prise de vue m’occupe tout entière – absorption bienvenue!
Avant même que de me concentrer sur la pivoine, j’avais décidé d’aller voir où en était ce site découvert pendant le confinement (toujours lui… si mal vécu dans son présent mais dont je vois bien, à quatre ans de distance, qu’il s’avère pour moi photographiquement bénéfique) et que j’avais baptisé «le Banquet des spectres» puis dont j'avais ensuite observé le devenir à chacun de mes séjours lotois.

Photo prise au smartphone un matin d'été 2021

Arrivée sur place, je vois qu’il n’a pas changé depuis Noël: le petit bouquet mortuaire de roses artificielles qui m’avait fait penser en l’apercevant «ça y est, le Banquet des spectres est définitivement terminé, le site est mort» est à la même place; les chaises et tables de jardin, privées de certains éléments initiaux telle cette nappe de plastique bleue et blanche en parfait état quelles que soient les intempéries, ont conservé leur disposition d’alors, au premier plan de cette enclave de prairie, ainsi ramenées à un petit amoncellement mis au rebut quand, dans leur première apparition, elles semblaient attendre des convives prêts à pique-niquer. Seul l’environnement s’est modifié: la végétation a sa vêture printanière que valorise l’incidence de la lumière. J’aperçois, tout autour du bouquet mortuaire et largement en avance, les clochettes des premiers muguets. Et tout à côté, deux tulipes, une incongruité que ces fleurs de culture au milieu de cet espace ensauvagée (au même titre que cet étrange mobilier de jardin).

Un peu plus tard, sur le chemin du retour, j’entrevois une biche – nos regards se croisent le temps d’un éclair puis elle détale.

 


Le muguet précoce et la biche: les deux bonheurs du jour. Deux sourires de hasard dans cet océan de vase où j’ai le sentiment de me noyer.

 

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15 novembre 2021 1 15 /11 /novembre /2021 18:02

Cette photo de rose que j'avais choisie pour la soumettre au jury de Photovision lors des sélections pour l'exposition "Sur tous les tons", en pensant à toi et au jeu auquel nous jouions toutes les deux quand j'étais enfant, pendant les longs trajets en voiture qui nous emmenaient à Gourdon (ou nous ramenaient à Vincennes...). "Sans T cette fleur": il fallait non pas identifier une senteur mais trouver un nom de fleur qui fût dépourvu de la lettre T. "Rose" comptait parmi les réponses admises...

Quelles étaient les règles et comment nous jouions je ne le sais plus vraiment. Mais à jamais cette phrase ludique et toi, maman, êtes liées dans ma mémoire. Et les roses, toutes les roses car tu les aimais toutes. Celle qui a été mon modèle pour cette image venait de Meyraguet. Là où désormais tu reposes depuis un an aujourd'hui. La fleur, le vase où elle est, l'arrière-plan aussi bien que la photo elle-même et son tirage, tout cela tisse une histoire qui n'est pas étrangère au fait que je veuille te la dédier au bas de ces pauvres lignes. Mais en ce 15 novembre, il ne s'agit que d'une chose. Te dire ce que je n'ai pas été capable de te dire tant que tu étais là.

Maman je t'aime.

Et me demander une fois de plus pourquoi je n'ai pas su t'aimer à la hauteur de cette affection inconditionnelle que toi tu m'as donnée.

 

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14 novembre 2021 7 14 /11 /novembre /2021 19:01

Comment se fait-il que, dans un environnement sinon quotidien du moins très familier, sans qu'aucune circonstance particulière soit à noter, on remarque tout d'un coup un détail, infime mais qui pourtant accroche – accroche et fascine, moins par lui-même que de n'avoir jamais été remarqué auparavant... 

Voici quelques jours (l'avant-hier d'abord écrit n'est maintenant plus de saison: trop de temps a passé entre le moment où ce qui motivait l'écriture a eu lieu et celui où ce qui le traduit est effectivement écrit) j'allais musant – quel autre verbe choisir pour exprimer ce pas singulier de la promenade, adopté lorsque l'on voudrait ne s'appesantir sur rien, cesser de chercher des solutions à des questions sans réponses... quand on tâche d'expurger l'esprit de réflexion suivie, l'ouvrant tout entier à la seule captation des parfums, des sensations proprioceptives, des mouvements du vent sur le peu de peau à découvert... Je musai donc dans une rue bordée de voitures stationnées, toutes ornées de feuilles mortes que les courants d'air avaient dispersées et accumulées selon des configurations aux innombrables variantes. Rien de nouveau dans ces jeux de formes, de couleurs, que l'automne, effeuillant les arbres, allume tous azimuts et que le soleil oblique fait chatoyer. Irrésistiblement photogénique... surtout les reflets doublés d'ombres sur les carrosseries ou les pare-brise.

Les files de voitures à l'arrêt me font, évidemment, ralentir pour scruter d'aussi près que je peux ces compositions éphémères. Souvent le smartphone jaillit, par exemple pour attraper dans ses pixels cette feuille aux frêles dentelures que l'ombre étirée magnifie en une main gracile:

Je m'avise alors d'un curieux motif tout à côté que je regarde de plus près encore. Les contours fantomisés d'une autre feuille qui, sans doute, avait adhéré à la peinture sous l'effet de l'humidité avant d'être emportée par le vent. Alors j'observe plus attentivement ce capot clair couvert de salissures et décèle plusieurs motifs du même genre. Bien sûr je capte:

Ce n'est pourtant pas la première fois que je me penche ainsi sur des capots habillés par l'automne et ces traces doivent être un phénomène des plus ordinaires. Mais pourquoi ne l'ai-je constaté que cette année, ce jour-là en particulier, au point de le photographier?

Peut-être parce que ce n'est qu'à ce moment-là que ces motifs sont entrés en collision avec un moment d'enfance et qu'il fallait cette collision pour que je les remarque. Ils m'ont rappelé ces impressions de fougères préhistoriques que mon grand-père m'avait montrées à la surface des dalles dont il allait recouvrir la terrasse qu'il venait de construire. Des contours d'une netteté extrême, de brillantes couleurs dorées, noir-bleuté... semées d'infimes paillettes. Quel trésor pour moi qui, à cet âge (une dizaine d'années?) me passionnais pour la préhistoire, ce que l'on appelait alors les leçons de choses (ancêtres de nos Sciences de la vie et de la Terre)! Et mon grand-père de m'expliquer comment l'empreinte de ces plantes avait été prise dans la pierre, que les couleurs et les brillances allaient se ternir très vite à force d'être exposées à l'air. En effet... ces merveilleux motifs perdirent peu à peu leur éclat.

Quelque quarante années plus tard, les impressions étaient largement défraîchies, en partie disparues pour certaines. Mais je les "voyais" encore. En même temps qu'elles, c'est mon grand-père que je voyais, que j'entendais me parler des fougères, des lichens, des pigments, de l'oxydation. Dans ma mémoire brillait aussi comme au jour de son épiphanie ce rameau entier, tout dentelé et luisant comme de l'or qui m'avait tant émerveillée et que mon grand-père avait consenti à préserver lors de la taille: il allait tâcher d'utiliser la dalle sans trancher dans le motif, comme on dirait dans le vif.

Il n'y a plus aujourd’hui que du carrelage écru, bien régulier, facile à entretenir car la réfection de l'étanchéité de la terrasse a exigé que l'on dépose ces dalles où frémissait une mémoire millénaire. Augmentée de la mienne, de mes souvenirs fragiles, dont je ne sais même plus quel est leur exact rapport au réel et dont je me dis qu'ils sont in fine leur propre et unique référent.

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5 octobre 2020 1 05 /10 /octobre /2020 12:49

Il court le désert... Tel le Sahara jadis, au fin fond du temps géologique, ces terres se sot désertifiées - je les ai désertées... deux mois durant l'insoutenable blancheur de l'absence silencieuse a régné, l'aridité s'est installée. Brûlante et sèche. Où ne gisent plus que des vestiges, ensevelis si profond sous la masse du temps passé que ce blog paraît voué désormais à n'être plus qu'un champ de fouilles archéologiques... Ces terres ne sont plus que sable pulvérulent et je ne sais encore jusqu'où se poursuivront ces pas que j'y risque aujourd’hui,  en un second  retour à deux semaines de distance d'une précédente approche que je pensais voir se muer en durable abordage et qui s'est soldée par un maintien en retrait, au loin - et ce que j'avais alors commencé de déposer est resté là en rade dans la rubrique "brouillons", où continuent d'agoniser pas moins d'une dizaine de textes dont il faudra bien que je décide une fois pour toutes si je les jette ou si je tente l'improbable démarche de les "remettre à flot".

Depuis que s'est achevé le 31 juillet 2020 les jours ont poursuivi leur inexorable succession, laissant août filer dans le plus grand silence nykthéen sans que je m'en émeuve et projetant septembre si loin dans son écoulement qu'il sera bientôt à son terme, une fois franchi le seuil de l'automne où je me tiens en écrivant ces lignes. 

Ainsi croyais-je "revenir", le 22 septembre dernier. Mais non... il m'a fallu reculer. Je croyais pourtant le tenir, mon incipit de retour... tracé à toute hâte sur une feuille de papier, quasi au saut du lit - une feuille entière, format A4  et non l'un ou l'autre de ces improbables micro-paperolles censées "garder trace" mais dont au fond je sais qu'elles sont vouées à être perdues, avec elles ce qui est écrit dessus, et que c'est justement pour cela, pour la perte qu'elles promettent, que je les utilise.

C'était une fausse alerte. Il n'y a sur cette feuille qu'une friche hirsute et j'ai bien des efforts à faire pour en extirper ce dont la mise en texte me sera lueur. Comme elle me paraît hors de vue cette période où ne point aborder ici pendant plus d'une semaine me donnait le sentiment d'être paralysée, empêchée - prisonnière d'un carcan d'impuissance dont il me fallait à toute force me désincarcérer...

Durant cette désertion cette souffrance s'est tue, comme la flamme sous la cendre - et le désir d'écrire qui m'amenait là avec une certaine régularité de m'être longtemps apparu comme un ballon crevé dont n'aurait subsisté que le maigre lambeau tenant au nœud de son fil d'attache. Sans doute d'un geste allais-je balayer ce pauvre détritus et ne plus me soucier de travailler à enserrer du sens dans des mots tant cela est vain, ce "sens" (et j'appelle "sens" cette indéfinissable "chose" qui par salves discursives aussi évanescentes que luxuriantes occupe mon esprit tout entier), plus anguille que l'anguille elle-même, se dérobe, file, glisse... m'échappe sans que j'y puisse rien alors même que je m'efforce de le "tenir".

Et voilà que ces quelques mots valent travail de saisie; attestant que n'est pas encore éteinte ma volonté (mon besoin?) de mettre ici par écrit un peu de ce qui continûment se dit en moi - cette "chose qui par salves, etc.

 

 

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31 juillet 2020 5 31 /07 /juillet /2020 12:41

Juillet s’éteint ici, en ces contrées ombreuses, dans le silence, le grand blanc des mots absents ‒ des  vouloir-dire» tombés en poussière frappés d’inanité sitôt advenus à la conscience dans l’immense brouillamini des phrases bousculées se pressant les unes les autres sous le feu des intentions énonciatrices. Comme presque toujours depuis bien des mois, la pensée que je sens se mouvoir dans les chaos foisonnants se désagrège dès que j’essaie de l’en dégager et de ne garder d’elle que la substance vive qui se puisse organiser en «propos» – l’énergie que lui confère le foisonnement mais dépouillée des bruits intempestifs du chaos.

Je pourrais complaisamment imputer cette désertification à la sournoise morbidité qu’ont instaurée les interdits «sanitaires» de cette année 2020. En temps normal, je serais encline à apprécier ces routes calmes où l’on circule en toute fluidité quand, habituellement, elles sont saturées de véhicules, ces lieux touristiques que n’encombrent plus que des foules largement amoindries, ces parkings où l’on se gare sans avoir à chercher longtemps une place disponible… Mais ce calme né d’interdictions en cascade et de restrictions décrétées n’a rien de serein; marqué au sceau de la peur, il résulte de l’insidieuse installation d’une chose intangible qui plane sinistrement, que l’on ne peut ni cerner, ni nommer – à peine peut-on la ressentir véritablement sauf à s’arrêter aux contraintes très concrètes qui affectent la vie quotidienne. Et j’en viens à penser que c’est d’un courant de vitalité dont on est in fine privé, imputable à la disparition de toutes les festivités de masse, interdites partout – auxquelles d’ailleurs je ne participe jamais, n’ayant pas le moindre goût pour les troupeaux humains mais dont je soupçonne, désormais, que ces rassemblements impulsent une énergie globale dont à notre insu nous sommes tous, individuellement, nourris quand bien même nous nous en tenons à l’écart. Avec ces «contraintes sanitaires», l’on a affaire à une raréfaction vitale, à une aridité d’atmosphère – une immobilité générale qui assèche l’âme et les désirs de tous ordres. Mais cet assèchement n’a aucune part dans les désertifications nykthéennes, lesquelles n’ont pour cause que mes propres abîmes et sont en progrès depuis bien avant 2020.

Parfois je sens l'extinction intérieure qui progresse et l'aboulie près de remporter la partie. Ne me sauvent du naufrage que les devoirs à accomplir qui m'engagent envers autrui – mes missions professionnelles au premier chef qui m'empêchent de verser dans l'inaction et dans l'indifférence: elles me tiennent et je ne pense pas que l'on puisse vivre sans se tenir parce que l'on est tenu, la tenue de soi est comme la colonne vertébrale de la vie, la ligne sans laquelle on se disperse et se ténuise. Et puis bien sûr les soins que je dois à mes chats: que serais-je si je négligeais mes compagnons au nom de mes psycho-effondrements... rien de bien reluisant.

Hors de cela je sais que je ne suis pas tout à fait éteinte quand j'ai conscience d'être en posture sinon studiante – éveillée par le surgissement d'un élément inconnu, un mot ou une tournure au détour d'une lecture notamment, je m'efforce de le retenir, d'en découvrir le sens, l'usage, et je lâche la bride aux réticulations, aux émergences involontaires qui ajoutent de l'épaisseur aux données brutes juste apprises – du moins accueillante – être suffisamment ouverte pour recevoir les percepts les plus infimes et m'en émerveiller, par exemple être effleurée par la brusque et fugitive incidence d'un rai de soleil venant frapper le cou vert profond d'un canard glissant sur l'eau alors même que je suis en train de courir le long d'un lac et l'esprit tout à ma foulée. J'écris studiante parce qu'il n'est pas question d'étudier volontairement, auquel cas ce ne serait rien autre qu'une attitude studieuse, mais de scruter sous le coup d'un émerveillement inattendu la chose qui vient me surprendre puis de la laisser se densifier au gré de réflexions, de questionnements, de ressouvenances... la laisser devenir pleinement mienne, épaissie des mille riens dont va l'augmenter ma subjectivité.

Pour clore cela qui n'a plus rien d'introscopique: depuis le 18 juillet, et même un peu en amont, l’espace nykthéen devrait être occupé par le Festival des jeux du théâtre de Sarlat. En avril le programme était mis en ligne car tout était prêt pour que la 69e édition puisse se ternir bien qu’il ait été encore à l’époque impossible de savoir avec un minimum de certitude ce qui «pourrait avoir lieu» et ce qui «devrait être annulé». Jusque fin mai l’espoir a prévalu: des « aménagements » étaient prévus, jusqu’à la suppression des spectacles de la place de la Liberté devant être transposés aux Enfeus afin de respecter des jauges très réduites – et de permettre aux cafetiers et autres commerces de la place de n’être pas empêchés dans leur fonctionnement par l’installation, une semaine durant, de la scène et des gradins. Mais avant la fin mai le message bien sombre du président Leclaire annonçait la mauvaise nouvelle: le festival était annulé. «Rendez-vous en 2021»… L’on veut y croire. Je veux y croire, et ne pas songer aux gouffres qui peuvent trouer les vies de chacun d’ici l’été prochain en sus des catastrophes collectives: pas question pour moi de me montrer plus pessimiste que ceux qui donnent le meilleur d’eux-mêmes pour que vive ce festival magnifique envers et contre tout et de nuire, par mes ombres portées, à leur volonté farouche de faire vivre l’art théâtral. Et de faire digue ainsi contre la montée de dévitalisation qu'amène la cohorte d'interdites à laquelle on n'a certainement pas fini de se colleter.

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21 juin 2020 7 21 /06 /juin /2020 18:46

Ce que l’on conçoit bien s’exprime clairement! C’est aussi faux qu’un proverbe. Je suis bien sûr de bien concevoir ce que j’ai à dire et j’ai mille peines à l’exprimer (P.-J. Proudhon, lettre à Ackermann, citée par Sainte-Beuve in P.-J. Proudhon. Sa vie et sa correspondance 1838-1848, Alfred Costes, 1947).

Comment cette phrase pourrait-elle n’avoir point en moi de puissantes résonances quand j’éprouve continument cette difficulté à exprimer ce qui, pensé, m’apparaît limpide mais se brise dès que je tente de l'écrire?

Cette impossibilité à textifier ces mouvements intérieurs, source de bien des tourments et maintes fois évoquée ici - donc en partie exorcisée - est à son comble depuis le 16 mars. Des masses délétères flottent et tournoient bas dans ma tête comme de lents essaims toxiques, bourdonnants et obsessifs, définitivement stagnants: les innombrables réflexions suscitées par cette période haïssable, se développant dans le stimulant désordre de la spontanéité. Mais à force d'entassements vient la suffocation, que je n'ai évitée jusque-là qu'au moyen bien piètre de petits lâchers de mots ici ou là sur un forum, parfois ramassés en paragraphes minables sur des bouts de fichiers éparpillés aux quatre coins du "bureau" de mon PC que je ne me suis toujours pas résolue à passer au broyeur.

Ce persistant échec à dire est sans doute la cause de ce que chaque matin je me réveille avec la sensation d’ouvrir les yeux sur un abîme, comme cramponnée au bastingage d’un navire pris d’errance qui serait près d’y sombrer. Ô ce bizarre vertige dérélictueux avant même que d’avoir risqué un pas dans le vestibule du jour naissant… alors qu’aucun tourment ne me ronge et que la fortune me tient pour l’heure à l’abri des grandes affres – mal incurable, deuil insurmontable, détresse absolue dans quelque domaine. Aujourd'hui j'en suis à éprouver le sentiment aigu d'être comme une ensevelie de Pompéi à qui l’on demanderait, malgré la mort atroce, le corps lithifié et le cumul des siècles, de se lever et de reprendre le cours de sa vie exactement là où le Vésuve l’avait interrompu, sans être le moins du monde entravée par l'indélébile empreinte du trépas. Tomber cette rigidité de pierre comme on tombe la chemise par grande chaleur: telle est désormais ma grande affaire. Un peu de babillage vraqué pour entamer la remontée des abysses…

D'abord, une vieille lie un peu rancie,
ranimée de dessous les cendres...

L’on nous impose depuis des moins des contraintes dont on a vite fait de se dire qu’elles sont délirantes tant elles paraissent excessives en regard de la dangerosité réelle du virus –  pas besoin pour glisser à cette déduction de parcourir les médias alternatifs; il suffit de mettre en regard deux faits: d'un côté des "mesures inédites" qui en effet le sont (et ressemblent d'assez près à l'instauration d'un État policier mais dont on n'aperçoit pas le nom parce que cette instauration se pare du noble motif de "protéger la population"), et de l'autre un virus qui en assez peu de temps a occupé la totalité de l'espace médiatique sans laisser la moindre brèche aux informations ne le concernant pas mais dont, pourtant, il n'a JAMAIS été dit (et ce n'est pas faute de "messages", d'"alertes" et de "nouvelles" au sujet de ce virus dont on a été gavés jusqu'à la nausée) qu'il était "le pire pathogène que le monde ait eu à affronter". Or un pathogène qui n'est pas cela justifie-t-il ces "mesures inédites"? à l'évidence, NON. D'où cette conclusion que la "situation" et les "consignes" qualifiées de "sanitaires"… sont en réalité d'un autre ordre. Et que des intentions ne relevant nullement de la seule "santé publique" rampent sournoisement sous cet arsenal de mesures, de lois et de décrets somme toute fort bien acceptés puisqu'ils sont édictés soi-disant à la seule fin de "protéger". Qui songerait à se rebeller contre une "protection"! La "sécurité"… Quel argument imparable! En son nom on fait accepter n'importe quoi, y compris des choses qui, avant le 16 mars, eussent déclenché des tollés. Mais aujourd'hui pour être "protégé" l'on consent à être assigné à résidence pendant des semaines, à être empêché de voir ses proches ou au contraire de s'échapper d'un foyer où la vie commune est minée par des conflits permanents, à être suivi par des drones de surveillance non parce que l'on s'aventure trop près d'un site dangereux mais parce qu'on arpente un espace fermé à la promenade "pour cause de consignes sanitaires", l'on consent au traçage numérique, au port obligatoire du masque (au point qu'on le porte même quand il n'est pas requis, ou quand  le risque de contagion est nul, par exemple en plein air, à l'écart de la moindre promiscuité, ou encore seul dans sa voiture)… et l'on ne songe plus à s'inquiéter ni de la déshumanisation radicale qui s'accélère, ni d'être précipité, volens nolens, dans le tout-numérique à grands renforts d'impostures (le "virtuel" donné pour substitut à tout quand il n'est qu'un pitoyable pis-aller: une entrevue par tablette interposée en lieu et place d'une visite à un parent malade où l'on aurait pu lui tenir la main, une visioconférence au lieu d'une réunion amicale… et le 21 juin,  une "fête de la musique" version numérique; il fallait oser, et l'on a osé! Ceux qui vont participer à ça et s'en réjouir auront-ils seulement conscience que cette "numérisation" est la négation même de l'esprit festif que l'on prétend entretenir?) Pour en arriver à pareil ploiement d'échine, conséquence de l'état d'hébétude terrifiée dans lequel beaucoup d'entre nous semblent plongés, on a employé les grands moyens...

On nous a assommés (et l’on continue de le faire) d’injonctions, de coercitions; on nous a rendus fous (et l’on continue de le faire tout en prétendant "relâcher la pression") à force de contradictions; on a, des semaines durant, transformé la vie quotidienne en une course d’obstacles - celle de certains tellement bousillée, matériellement et moralement, qu'ils ne s'en relèveront pas ou pas avant longtemps… Un formidable lavage de cerveau s'est ainsi orchestré mais on n’est pas allé jusqu’à répandre planétairement que l’on avait affaire au "pire virus que l’humanité ait connu"? Pourquoi donc le bouchon s’est-il ainsi coincé en amont d'une annonce qu'il aurait été si facile de diffuser et qui eût suffi à vitrifier les populations dans la terreur absolue? Sans doute parce que c'eût été un mensonge, un mensonge trop énorme pour n'être pas aisément dénoncé et qu'un mensonge dénoncé perd toute efficacité.

Trop mentir, ou mentir trop grossièrement, nuit à la cause… alors on a compensé la dangerosité que l'on ne pouvait pas exagérer autant qu'on l'aurait voulu en saturant l'espace d'informations, qui se sont déversées par tombereaux dans tous les médias, tels des déchets largués sans relâche dans un incinérateur dont on ne veut pas voir qu'il déborde. L'abrutissement par submersion: une tactique épatante pour éteindre toute velléité de réflexion. Mais sans doute l'extinction n'était-elles pas suffisamment garantie, des braises pouvaient encore couver. La "communication gouvernementale" s'est donc organisée en cafouillis perpétuel pour désorienter ET submerger, deux précautions valant mieux qu'une. Une posture qu'elle occupe encore, sur ses deux jambes bien campée... et qu'on n'aille surtout pas parler de "maladresses": avec les théories de "communicants" dont s'entoure le personnel politique, il ne fait aucun doute que le moindre bégaiement, la moindre "faute", la moindre "erreur d'appréciation", le moindre "mot malheureux" a été dûment pesé, contre-pesé et repesé avant d'être prononcé. Ainsi n'ont cessé de se succéder au fil des jours annonces contradictoires, "fuites" avant les prises de parole officielles (de telle manière que les polémiques puissent enfler avant même que les décisions soient publiquement proclamées: rien de tel pour saturer un peu plus un espace d'information déjà débordant), discordances répétées et amplifiées... le tout relayé dans l'instant par des médias aux ordres, ayant très vraisemblablement reçu "d'en haut" la consigne de répercuter chaque milli-unité de chaos.

En outre, je suis à peu près convaincue que le gouvernement n'a pas seulement rendu calamiteuse sa communication pour désorienter les esprits mais aussi pour offrir en pâture aux contestataires de quoi contester. Et ça n'a pas raté: l'on s'est jeté par meutes sur ce bel os, allant jusqu'au dépôt de plainte contre L’État. Mais cet os n'est que pure forme… et à le ronger ainsi avec l'acharnement de mâtins affamés, personne ne se préoccupe du fond: on attaque le gouvernement sur les mesures prises, sur leur ampleur, leur chronologie… mais en aucun cas sur la pertinence de ces mesures; or LA question fondamentale dont il faudra bien débattre un jour me paraît être celle-ci: l’envergure des contraintes imposées est-elle réellement proportionnée à la dangerosité du virus?

Question qui ne sera probablement jamais posée, du moins aussi clairement. Mais peu importe au fond: nos volontés sont passées au laminoir, nos désirs avec elles et notre esprit critique; a été broyé - ou est en passe de l'être - ce qui nous fonde humains et nous rend irréductibles à quelque donnée chiffrée que ce soit (NON, je ne suis pas un numéro, ni une statistique, ni une "tranche d'âge", ni un petit bout de pourcentage il y aura TOUJOURS quelque chose qui dépassera de l'équation à quoi on veut me ramener ou de la case dans laquelle on veut me faire entrer: l'âme, peut-être?) Le "monde d'après" dont on nous rebat les oreilles c'est celui de maintenant, nous baignons dedans et nous buvons la tasse à grandes lampées: c'est d'abord l'extension de l'empire de numérique connecté puis la perpétuation du règne sans partage des mots "interdit", "obligatoire", "par décret", "état d'urgence", "sanction". Pas grand-chose à voir avec la jolie bluette (décroissance, solidarité, générosité, respect du prochain, reconnexion harmonieuse avec l'ensemble du vivant - plantes et animaux, progrès des consciences holistiques) que de rares utopistes s'évertuent à chanter, en vain je le crains, mais qu'il serait si bon, si réconfortant de voir advenir. Quelques petites enclaves de-ci de-là témoignent bien de ce que cet "autre monde" est possible mais combien de temps tiendront-elles, combien de temps ces poches de résistance survivront-elles aux assauts répétés des forces de coercition?

Et ensuite, pour ce qui est de la textification... rien autre qu'une rive invisible pour le moment.
Les "à-dire" sont légion, mais combien d'entre eux viendront sinon à texte du moins à phrase... mystère.

 

 

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8 mars 2020 7 08 /03 /mars /2020 09:45

D’abord ce matin une pause dans la continuelle pluviosité de ces derniers jours et, même, un soleil pâle donnant à la clarté penchée de l’aube une douceur que l’on n’avait plus vue depuis longtemps. Puis le décrochage de cette première exposition en place depuis le 24 février au centre Paris Anim’ Rébeval, dont rien n’a filtré ici faute d’avoir su écrire ce qui à mon sens aurait dû en être dit – aurait d’autant plus dû être dit que le texte d’accompagnement prévu qui, par-delà les maigres lignes de présentation strictominimales et les remerciements, eût développé mes intentions, n’a pas non plus été prêt à temps pour être de la partie – mais qui peut-être trouvera sa forme a posteriori (après tout pourquoi pas: peu importe d’exprimer au passé, fût-il simple ou composé, nuancé de plus-que-parfait ou, au contraire, d’imparfait du moment que «cela s’écrit en justesse»). Rapide, donnant lieu à de chaleureux échanges et à de nouvelles appréciations très positives – de quoi engranger assez de ressource intérieure pour ne pas éprouver cette pénible sensation de vacuité généralement consécutive à une période d’intense activité et trouver l’élan d’oser formuler des projets (par exemple l’ambition de construire, à partir de ma série exposée, une suite de tirages qui puisse la développer en toute cohérence dans plusieurs directions – ça foisonne... bien sûr car il s’agit là d’idées, d'élaborations mentales et, à cet égard, je ne suis jamais en reste quand, à l’inverse, «passer à l’acte» m’est plus difficile…) Décrochage donc et, ensuite, pause amicale chez Marie-Annick et Alexandre – arts tous azimuts: peinture et poésie, création textile, rapport de soi à ce que l’on fait (ou ne fait pas)… mais surtout cette ineffable chaleur qui dès le seuil franchi enrobe le cœur, dilate l’âme et rend tout ouvert aux échanges, dont je fais l’expérience depuis de nombreuses années et qui toujours suscite en moi le même émerveillement lumineux.

Autant de contrées autres ‒ à la fois profondément miennes et familières, inscrites dans mon paysage aussi fermement que le sont les principes «gravés dans le marbre», et autres parce qu’elles me tiennent à distance de sphères non moins miennes mais dont les conforts sont davantage creusés d’ombres pénibles difficiles à écarter – que je n’imaginais pas quitter «comme cela», avec pour seul temps de transition avant de retrouver mon ordinaire celui d’un trajet de «retour-chez-soi».

Alors direction le Louvre pour aller voir, in extremis, l’exposition Soulages. Subjugation totale… ô comme ces immense stèles noires fascinent, comme elles imposent le silence… s’arrêter sur l’une d’elles, mono- ou polyptique, ne peut être qu’un contemplement, un au-delà de la contemplation. Un appel intérieur m’incitait à m’abandonner à ce contemplement, à me tenir là au sein de l’outrenoir sans plus rien percevoir des bruits environnants jusqu’à ce que «quelque chose se décolle» et fasse surgir un sens traversant – et bouleversant. Mais redoutant, en même temps, de ne pas savoir aller jusqu’à ce traversement et d’en éprouver trop de déception, je m’en suis tenue à la seule subjugation – la surface de l’émotion –, dont je préservais l’empreinte précieuse en quittant rapidement le Salon carré – les petites marqueteries noires qui ornent le parquet ont-elles leur part dans le choix de ce lieu d’exposition? – sans plus rien regarder autour de moi jusqu’à la sortie. Car après l’outrenoir, tout me paraissait effroyablement bruyant

Ensuite marcher dans Paris, l’esprit flottant, ne cherchant pas à dire cette impression forte et subsistante, et simplement perméable à ce qui passe. Profiter de la douceur et de la non-pluie, du ciel opalescent et des rues moins encombrées que de coutume sans doute à cause du coronavirus. Faire halte chez Mariage Frères, le fameux comptoir où acheter du thé prend la forme d’un rituel délectable – l’on s’adresse à vous avec cette belle politesse, élégante et distinguée, nuée de discrétion, aujourd’hui disparue de tout lieu où il s’agit de vendre, tout entière supplantée par une insupportable agressivité commerciale mal dissimulée par un «puis-je vous aider» signifiant bien plutôt « mais qu’est-ce donc que vais pouvoir vous fourguer?»; l’on vous parle de chaque thé avec une insigne précision, sans fioritures qui puissent lasser mais non sans cette imperceptible note d’enthousiasme dont seuls les connaisseurs passionnés parent leurs propos; puis au moment du choix, ce geste parfait du vendeur pour saisir l’une ou l’autre de ces boîtes géantes alignées derrière lui, l’ouvrir et la présenter pour vous laisser humer à loisir les feuilles… Ah ces prémices olfactives… Préludes à la dégustation à venir dont ils esquissent les délices, si étroitement attachés pour moi aux thés Mariage que je préfère, à tout approvisionnement de ces derniers «en ligne», de ponctuels dépannages à coups de thés plus banals.

Avoir été là comme à l’exposition Soulages: en contrées autres.

Et de reprendre pied  in fine dans le monde ordinaire en douceur, à la faveur d’une métroportation sans encombre «vers-chez-moi» avec, pour compagnons de trajet, les «petits poèmes de l'arbre hivernal*» d’Alexandre (Personne vous lira leur dit avec une mélancolie audible sur la page imprimée le poète. Eh bien si: la preuve!).
Puis ce matin ceci – chemin vite frayé des tréfonds aux phrases, un vouloir-dire en ligne droite vers le texte (enfin!) – et l’ailleurs ainsi ne dit pas son dernier mot trop brutalement.

Oui vraiment, une belle journée, douce encore de cela que je n’ai eu à déployer hors du nid familial si protecteur aucune de mes ailes.

Une bien belle journée qui a mordu sur son lendemain, dont je vais tâcher de protéger le souvenir comme on le fait d'une espèce en passe de disparaître.

 

* Alejandro Arribas y Ximeno, Con el hato al hombro / Le Baluchon sur le dos (édition bilingue espagnol-français), Cuadermillos literarios - Cahiers littéraires, 2019.

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1 janvier 2020 3 01 /01 /janvier /2020 13:12

Force est de constater que ces terres sont en voie de désertification avancée. La faute n‘en est point, comme je l’avance habituellement au sortir d’une phase de silence prolongée, à quelque impuissance à «trouver le mot juste» ou à organiser tant soit peu autour d’un sujet pourtant bien cerné une pensée profuse et brouillonne trop hirsute pour se présenter à l’écrit sans une mise en plis radicale pour laquelle je ne me sens ni assez habile, ni correctement outillée. Ce n’est pas, non plus, que cette «pulsion scripturale» sur quoi j’ai si souvent réfléchi m’ait abandonnée – je persiste à jeter de petites dizaines de lignes dûment rédigées (je veux dire tracées impulsivement puis corrigées, raturées, amendées par force ajouts notés à la périphérie du cœur phrastique puis positionnés via flèches et «V» renversés aux endroits voulus) sur des pages de carnet comme autant de précieux morceaux que je serai, à n’en pas douter, heureuse de retrouver un jour ou l’autre. Mais aussi sur des supports aussi improbables que promis à une prochaine déchétisation les menant directement au vide ordures (dos à peu près vierges d’étiquettes décollées, lambeau déchiré au bas d’un prospectus, etc.): il est donc à peu près certain qu’inconsciemment, je me débarrasse déjà de ces bouts de texte tout en feignant, par le geste même de les écrire, de les vouloir garder.  Il y a enfin tout ce que je saisis dans des fichiers word éparpillés ici et là et que j’ai fini, il y a peu, par rassembler dans un dossier nommé «BROUILLONS» dont le volume, in fine considérable et allant croissant, ne laisse pas de m’impressionner. Non pas tant le volume, d’ailleurs, que la date des fichiers rangés: certains ont l’âge de mon PC, soit plus de huit ans… parmi eux s'en trouvent qui ne contiennent qu’une phrase – mais bien sonnante, donc conservée –, d’autres des quasi-articles auxquels il ne manquerait pas grand-chose pour se tenir et gagner leurs galons de  «mettable-en-ligne» mais gâtés par la distance qui s’est creusée entre le moment où, les redécouvrant, je pourrais décider de les dépoussiérer, de les rafraîchir pour les mettre en Toile et celui où a eu lieu l’événement qui les a motivés (représentation théâtrale, lecture d’un livre, circonstances assez singulières pour que j’éprouve le besoin d’en retenir quelque chose et d’user pour ce faire des rets de l’écriture) qu’ils ont perdu toute pertinence et n’ont plus que le triste aspect d’une vacuité textuelle récupérée en toute artificialité.

J’avais jusqu’alors à cœur de ne jamais laisser s’achever un mois (et, au fait, pourquoi cet arrêt sur une échéance mensuelle plutôt qu’hebdomadaire ou, plus logique, quotidienne qui suivrait ainsi ce précepte auquel beaucoup d’écrivains s’obligent à obéir et que devraient faire leur tout écrivant, fût-il sans la moindre prétention à une quelconque reconnaissance: «pas un jour sans une ligne écrite»? Probablement parce que le mois est un moyen terme entre le relâchement total, la radicale mutité, et la trop forte contrainte à laquelle je me sais incapable de me plier sans y déroger sans cesse, à savoir: chaque jour écrire au moins une ligne qui vaille) – un mois, disais-je, sans le rattraper par la manche en son dernier jour, quitte à ne déposer là qu’une brève aux nuances souvent aranéeuses, comme par exemple cela noté à la mi-décembre et dont je m’étais dit qu’au moins, faute de pouvoir venir à bout d’autre chose, j’aurai des mots à mettre à mon actif pour le mois en cours:

Sous la paupière lourde du matin gris filtre un peu de clarté livide, ictérique. Promesse d’une journée au mieux cinéraire, au pire abyssale comme une nuit sans lune et qu’un épais couvert nuageux priverait d’étoiles.

Et puis non: les mots sont restés sur le papier – un bout de papier que j’ai pris soin de garder sous la main, me promettant chaque jour qui commençait de «mettre au propre» (i.e. «en ligne avec une image sur mon blog») ce que j’avais écrit dessus – et le mois de décembre s’est achevé, sans que j’aille au bout de mon intention, réduisant celle-ci à une citation «de mémoire» dont je sais, en plus, qu’elle est tout autre chose que ce premier jet qui, eu égard à cela même que je développe, aurait dû figurer ici tel quel. En lieu et place, une très-brève, reprenant une infime partie du texte initial et qui, aujourd’hui, me paraît mieux lustrée. Mais qu’en eût-il été demain? Ou avant-hier si j’avais effectivement fait ce que je m’étais promis de faire?

Pour la première fois depuis la création de ce blog (onze ans dans quelques jours), un mois entier (décembre 2019, donc) restera vierge de toute mise en ligne, valant coda à une liste de mois de plus en plus rapprochés où n’aura été publié qu’un seul texte, en général bref – et par sa brièveté portant en lui les stigmates de la désertification. La tentation a été grande de masquer ce vide en antidatant la publication. Une manipulation purement cosmétique qui eût permis d’afficher, dans la rubrique «archives», une suite sans brèche. Pareille cosmétisation n’eût bien évidemment pas comblé véritablement le vide. Or le vide fait sens: ces larges plages d’absence signifient quelque chose, autant qu’étaient signes-de-quelque-chose les publications régulières, abondantes et diverses des première années – et le sens, le surgissement du sens, m’importe bien davantage que l’apparence. Donc laisser béants ces creux sans texte, laisser crier entre les dates éloignées le silence mortifère de la non-écriture comme on laisserait insoignées des plaques de pelade sur un cuir chevelu malade, c’est garder visibles ces cicatrices d’une détresse, c’est maintenir vivant le symptôme et par là, du moins je l’espère,  me donner les armes pour, plus tard peut-être, en comprendre les fondements.

Et maintenant, là, écrivant sur ces vides, m’attardant sur mes brouillons  – ces sempiternels «brouillons» et autres «inaboutissures» autour desquels je ne cesse de tourner dans ces textes prétendument «réflexion-sur-le-geste-scriptural» qui prolifèrent ici comme les adventices dans un jardin en même temps que se raréfient jusqu’à la quasi-extinction les chroniques  ‒, ne suis-je pas en flagrant délit de dérobade, me refusant encore, en dépit des phrases pourtant germées et commençant de pousser, à formuler explicitement ce que je tiens pour responsable de cette si longue inécriture?

Allons, un peu de courage et que j’étale, là sous mes yeux, ce triste état d’esprit symptomatique  d’une pensée qui, tout en continuant de s’alimenter à toutes sources et de se densifier comme si de rien n’était – les «discours intérieurs» que je me tiens à moi-même se portent on ne peut mieux, merci pour eux, logorrhéiques et virant aux conférences-fleuves –, cesse de se déployer et de se canaliser çà et là en des actes concrets (par exemple des textes en forme et ordonnés) pour se recroqueviller, se replier, se ratatiner en considérations obsessionnelles, circulaires et ressassées, puisant leur sève en d’indistinctes profondeurs dont je devine avec terreur qu’elles doivent être bien fétides. Un ratatinement qui n’a fait que s’accentuer sous les coups de boutoir de faits ressentis comme autant d’adversités et d’atteintes personnelles – en peu de temps en effet se sont accumulées diverses entraves, notamment d’ordre physique, dont je croyais me préserver par ce rabougrissement claustrant.

Mais ce ratatinement, pour commode qu’il soit tant il est facile d’y consentir, s’est avéré de bien mauvaise compagnie, lors même que je me sais appartenir à cette race de lâches qui, redoutant de voir s’effriter au moment où ils le touchent du doigt l’accomplissement d’un de leurs projets préfèrent n’en élaborer aucun et se cantonner dans ce pseudo-confort du non-rêve qui éloigne toute déception. M’enfermant dans des conduites de plus en plus maniaques, je renonçais à tout ce qui aurait pu s’assimiler à un «geste créateur» (photographie ou textualisation pour ce qui me concerne), renonçant du même coup à ces satisfactions – un «mot juste» enfin trouvé, une photo «réussie» qui entre en totale cohérence avec une mentalisation préalable… – non comptables, non descriptibles mais si fortes qu’elles donnent à l’âme un irremplaçable sentiment de plénitude suffisant à dérider pour longtemps la morne cinérarité du quotidien.

Cette circularisation obsessionnelle de la pensée cependant n’a pas coupé si court que cela à mes velléités scripturales mais ce qui se textualisait tournait à la pure et seule introscopie ‒ une tendance  perceptible de longue date dans mes nykthéités, qui s’est installée insensiblement et que j’ai laissée s’accentuer alors même que je persistais à refuser que s’incrustent ces propos je-istes en cet espace destiné, à sa naissance, à n’accueillir rien  autre que des chroniques pareilles à celles que j’écrivais ailleurs mais que je souhaitais écrire selon mes seuls rythme, choix et modalités. Ces évacuations se sont donc répandues de paperolles en paperolles tandis que je tenais bon et leur bloquais tout accès aux Terres nykthes, me bornant à me lâcher sur tel ou tel site interactif.

Je ne sais de quoi seront faites mes prochaines publications; peut-être n’y en aura-t-il plus, peut-être au contraire retrouverai-je la voie de la chronique et ramènerai là quelques-uns de ces fragments qui m’importent, gardés contre toute raison et auxquels je finirai par donner une allure publiable – peut-être au fond rien de cela n’adviendra-t-il… En tout cas, je refuse catégoriquement, en ce 1er janvier, de m’adresser quelque «vœu» que ce soit car je ne crois pas le moins du monde en la vertu propitiatoire des vœux de nouvel an que l'on s’envoie par brassées les uns aux autres. Pas plus que je ne crois aux vertus des «bonnes résolutions» qu’il est aussi d’usage de prendre en début d’année.  Pour autant, c’est de plein cœur que je souhaiterai «bonne année  à toutes les personnes qui me sont chères – mon pessimisme n’appartient qu’à moi, et il ne m’empêche nullement de sacrifier, avec toute la sincérité dont je suis capable, à la coutume des vœux et de vouloir pour les autres tout le bonheur qu’ils sont en droit d’espérer.

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  • : Terres nykthes
  • : Ce blog au nom bizarre consonant un rien "fantasy" est né en janvier 2009; et bien que la rubrique "archives" n'en laisse voir qu'une petite partie émergée l'iceberg nykthéen est bien enraciné dans les premiers jours de l'an (fut-il "de grâce" ou non, ça...) 2009. C'est un petit coin de Toile taillé pour quelques aventures d'écriture essentiellement vouées à la chronique littéraire mais dérivant parfois - vers où? Ma foi je l'ignore. Le temps le dira...
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  • Entre littérature et arts visuels, à la poursuite des ombres, je cherche. Parfois je trouve. Souvent c'est à un mur que se résume le monde... Yza est un pseudonyme, choisi pour m'affranchir d'un prénom jugé trop banal mais sans m'en écarter complètement parce qu'au fond je ne me conçois pas sans lui

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