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7 août 2014 4 07 /08 /août /2014 14:13
Comme un journal...

Seize spectacles vus sur les dix-huit programmés, toutes les "rencontres de Plamon" suivies à l’exception de la première… Cette année j’aurai battu mon record de présence au festival des Jeux du théâtre et sans doute à cette constance dois-je d’avoir plus que jamais auparavant éprouvé la sensation d’être tout entière traversée, baignée, imprégnée de théâtralité et de méta-théâtralité et, de ce fait même, de m’être sentie submergée, aussi, de réflexions résonnant en de multiples échos jouant au long de ces quelque trois semaines et de mes souvenirs des précédentes éditions – c’était ma neuvième. Une telle immersion est assez enivrante; grisée, j’en ai un peu oublié ce que pouvait peser pareille profusion quand la plume ne suit pas pour donner forme à tout cela, le canaliser et l’ordonner. Il y a bien des notes jetées à la hâte presque chaque jour, un peu erratiques et qui sont très loin de pouvoir muer en un article achevé. À peine retravaillées, elles gardent tout de même un certain pouvoir à "dire" quelque chose.

SAMEDI 19 JUILLET.
Au président Jacques Leclaire et à Jean-Paul Tribout s’est adjoint cette année un troisième intervenant pour prononcer l’allocution inaugurale du festival – la clore en fait, puisque lui a été confié le soin de dire la phrase rituelle je déclare ouverte la 63e édition du festival des Jeux du théâtre de Sarlat!: Gilles Costaz. Invité à titre d’auteur – sa pièce L’Île de Vénus devait être lue le lendemain en ouverture de la Journée des auteurs – il sera aussi sollicité en tant que critique et requis sur l’estrade de Plamon au cours des trois premières rencontres matinales pour dialoguer avec les artistes présents, et donner son avis sur les spectacles. Il sera aussi diseur de ses propres didascalies aux côtés de Thierry Harcourt et Noémie Elbaz. Autant de rôles qu’il assumera avec justesse – brio, même…

MARDI 22 JUILLET.
* Hier, soir, Doute. Une pièce qui charrie force questions de fond qui, de plus, résonnent fort avec notre actualité, plus ou moins récente – le poids de l’intime conviction quand aucune preuve ne l’étaie, l’opposition entre un enseignement rigoureux épuré de toute proximité avec les élèves et une manière plus empathique et enthousiaste de dispenser le savoir, le racisme, la pédophilie des prêtres… Pourtant, l’essentiel des échanges a tourné autour de considérations dramaturgiques et l’on a finalement assez peu débattu de ces problèmes. Probablement parce que la qualité de la mise en scène et de l’interprétation nous ont suffisamment ancrés dans le fait théâtral.
* Josiane Stoléru a travaillé son personnage en partant du principe que sœur Aloysius est tout entière soucieuse de préserver le jeune Donald et que toutes ses décisions, tous ses actes ne sont motivés que par cela. On pourrait presque dire qu’elle est "outrageusement obnubilée" par la préservation de l’enfant, au point d’être "outrageusement" convaincue que le père Flynn est coupable de pédophilie – une conviction si absolue qu’elle ira jusqu’à mentir.
* Émilie Chesmais a rapporté qu’à New York, quand on joue la pièce, le spectacle se conclut par un vote du public à qui on demande si le père Flynn est coupable on non de pédophilie. L'on proposa donc au public plamonais de voter pareillement. Verdict, par une écrasante majorité: non coupable – à peine trois ou quatre mains levées en faveur de la culpabilité du père Flynn.

MERCREDI 23 JUILLET.
* Merveilleux souvenir de Duras, la vie qui va… Songeant à l’avertissement donné hier par Claire Deluca – Si vous n’aimez pas Duras, alors surtout ne venez pas! – je me dis que les festivaliers qui s’y sont conformés se sont privés d’un magnifique moment théâtral. Celui-ci est d’une telle qualité qu’il me semble mériter que l’on mette de côté ses aversions et ses a priori durassiens pour, simplement, aller voir et écouter deux formidables interprètes.

JEUDI 24 JUILLET.
* Plamon, 11 heures. Alain Gautré, qui doit donner le soir sa "conférence drolatique" sur Le Gai Savoir du clown, est seul sur l’estrade avec Jean-Paul Tribout. Nous attendons les comédiens qui ont joué la veille la pièce d’Oscar Wilde – en fait LE comédien car seul Arnaud Denis a pu être présent. Il arrive avec quelques minutes de retard, franchit le seuil de la salle sous les applaudissements nourris du public, marque un temps d’arrêt en s’approchant de l’estrade… Le sourire qu’il arborait déjà s’élargit soudain puis il salue avec effusion Alain Gautré; tous deux entament une brève conversation… Arnaud Denis vient de retrouver un de ses professeurs. Et Alain Gautré un de ses élèves les plus doués.

SAMEDI 26 JUILLET.
* Victimes d’un accident de voiture en venant à Sarlat, les artistes du collectif La Palmera ont perdu leur véhicule et ont dû rester hospitalisés le temps que l’on s’assure qu’ils n’avaient aucune lésion grave. Ils ont joué le soir comme si de rien n’était… et, contraints de prendre le train pour regagner Avignon d’où ils venaient, ils ne pouvaient participer à la réunion plamonaise du lendemain. Alors ils ont proposé au public un échange post-spectacle, dans le frais de la nuit, sur les gradins des Enfeus…
* Après les saluts, ils ont annoncé avoir "un petit cadeau" pour les spectateurs. C'est un flyer sur lequel est imprimé un long texte signé Carole Fréchette, Si j’étais ministre de la Culture… Leur façon à eux, littéraire et fine, de s’associer au mouvement de contestation qui mobilise l’ensemble des artistes du spectacle eux-mêmes solidaires de tous les travailleurs précaires.

DIMANCHE 27 JUILLET.
* Je pense toujours au spectacle d’hier soir; ce que je crois pouvoir devenir ma "chronique" est bouclé. Reste tout cela…
Propos a postériori…
Paul Nguyen a des traits asiatiques, une silhouette fine et féline, une voix limpide, Nelson-Rafaell Madel est noir, a la voix grave un peu rauque et le corps plus puissant; mais l’un et l’autre ont présentifié tour à tour, et avec une rare intensité, aussi bien des femmes que des hommes, et de tous âges, sans que l’on se dise un instant qu’il y avait hiatus entre leur apparence et le personnage qu’ils signifiaient… une performance d’autant plus sidérante que ni l’un ni l’autre ne modifie le timbre de sa voix en fonction du personnage, pas plus qu’il n’en signale l’individualité par quelque signe gestuel particularisant – les distinctions s’opèrent uniquement grâce à des tissus colorés, et aux vers dits.
Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort pose ainsi, entre autres questions – la réception actuelle des classiques, des textes versifiés, la distance croissante qui se creuse avec la culture antique… ‒ celle de la "nécessité mimétique" au théâtre. Pour "devenir" tel ou tel personnage, les comédiens se contentent d’arborer un tissu coloré et de dire les vers que l’auteur lui a mis en bouche avec le ton que leur semble réclamer l’état émotionnel dans lequel se trouve le personnage, rehaussé de postures et gestes qui soient en justesse avec ce ton. Et cela fonctionne merveilleusement : chaque personnage est ainsi présentifié de manière à la fois individualisée et archétypale, on le reconnaît par le biais de l’émotion signifiée par le verbe et exprimée corporellement… Andromaque est là, parle et vibre, à travers le corps d’un homme noir, Hermione aussi, intense comme le rouge de sa parure, à travers le corps d’un homme asiatique… Jusqu’à quel point donc le théâtre exige-t-il que les comédiens se conforment à la sexuation des rôles, au physique présumé des personnages, à leur âge?
Après avoir vu combien un jeune homme noir peut être une magnifique Andromaque, un jeune Asiatique une non moins bouleversante Hermione je me dis que le comédien est un corps-verbe qui habille de gestes, de postures, d’inflexions un texte qui, ainsi paré, peut investir l’espace et aller vers le public. Un corps-verbe – un vase de transmutation, un athanor selon Artaud, je crois – qui ne jouit de son plein pouvoir d’envoûtement, ne peut entraîner une totale, et profonde, adhésion du spectateur, que sur une scène de théâtre, lequel pouvoir n’est pas d’incarnation mais de présentification.
* 21h15, place de la Liberté. Je viens de gagner mon siège. Un groupe de spectateurs passe, part à l’ascension des gradins en file indienne avec, chacun sous le bras, une galette de chaise. "Des habitués prévoyants, dont le postérieur a dû souffrir par le passé, ici ou ailleurs…" Une bien astucieuse assurance-confort dont je m’inspirerai peut-être.

LUNDI 28 JUILLET.
* Hier soir, 11h45, la représentation du Mariage de Figaro s’achève sous un ciel sans nuage, nuit claire étoilée; pleins feux sur un plateau pastel et comédiens radieux parés de costumes brillants – soleil de minuit. Au matin la scène a déjà disparu et les structures supportant les projecteurs comme le pupitre technique; des gradins ne reste plus qu’un entrelacs aranéeux de tubulures métalliques. Quelle industrie que celle du personnel chargé de monter et démonter les dispositifs en si peu de temps…

MARDI 29 JUILLET.
* Je n’ai pas vu Contractions, de Mike Bartlett – une intrigue ancrée dans le monde de l’entreprise n’était pas pour me tenter. Pourtant les échanges autour de cette pièce, et en particulier les propos de Yaël Elhadad concernant le texte anglais, cheminent, cheminent… vont se tenir là en un coin de mémoire, tout aussi précieux que si j’avais été au nombre des spectateurs, par ailleurs très laudatifs.
* Je n’avais pas prévu d’aller voir Opus Cœur. J’avais pourtant acheté le texte de la pièce, pris le temps de le lire et, avec lui, tout ce qui l’accompagne dans le numéro de L’Avant-scène Théâtre qui lui est consacré. Mais en quittant la rencontre plamonaise du matin j’ai fait un détour par la billetterie – Nathalie Newman et Jean-Claude Bouillon venaient de m’attirer aux Enfeus. Le bien connu "effet Plamon"…

MERCREDI 30 JUILLET.
* Xavier Lemaire et Isabelle Andréani sont là pour présenter Qui es-tu, Frtiz Haber? Certes habituée à ce que les artistes soient aussi bons à Plamon que sur scène, je n’en ai pas moins été époustouflée par le brillant exposé auquel se livra Xavier Lemaire; en une vingtaine de minutes il évoqua Claude Coen et ce qui l’avait conduit à écrire Le Nuage vert, résuma les pages d’histoire fictionnalisées dans la pièce en les rehaussant de brefs rappels scientifiques, posa les grandes questions éthiques soulevées à travers le dialogue entre Fritz et sa femme Clara… complétant le tout des mille et uns "hasards objectifs" et croisements destinaux qui émaillèrent leur travail théâtral… Si je n’avais déjà eu en poche mon billet – car le nom de ces deux artistes sur une affiche suffit à m’amener au spectacle annoncé – je l’aurais pris sitôt sortie de la rencontre.

JEUDI 31 JUILLET.
* Journée solaire: ciel au bleu fixe ; matinée plamonaise exceptionnelle en compagnie de Xavier Lemaire et Isabelle Andréani arrivés radieux (après les avoir vus et entendus la veille au soir se porter les plus violents coups à l’âme qui se peuvent imaginer sous les traits de Fritz Haber et de Clara, leurs sourires n’en paraissaient que plus éclatants) ; ils avaient avec eux une petite valise fatiguée qui a dû bourlinguer son content (et que j’aurais bien vue figurer dans le décor dressé la veille à Sainte-Claire – elle en avait… l’humeur, si j’ose dire) de laquelle, à la fin de la réunion, furent tirés quelques DVD de leurs spectacles précédents que les festivaliers se sont arrachés. Et des documents que l’on se passa de main en main où l’on voyait des photos de la Grande Guerre montrant les fameux cylindres d’acier contenant les gaz toxiques, les masques imaginés pour s’en protéger…

VENDREDI 1er .
* Christophe Luthringer avoue ne pas savoir ce qu’il fait quand il élabore une mise en scène et laisser les choses se mettre en place au fil des répétitions, mais il a, en revanche, des paroles d’une extrême finesse concernant la manière dont un comédien investit un rôle, s’avance dans le jeu; à côté de lui Régis Vlachos parle merveilleusement du travail de son metteur en scène – et moi je songe aux écrivains heureux du regard que pose un correcteur sur leur texte... Je me dis qu’il est extrêmement difficile d’être à la fois dans le faire et dans l’analyse de son propre faire; qu’un créateur, quel qu’il soit, a toujours besoin, à un moment ou à un autre de son travail et avant de l’estimer accompli, du regard extérieur d’un "primo-récepteur" pour arriver vraiment à jointoyer au plus juste sa pensée, son inspiration initiale et l’objet concret qui est censé l’exprimer.
* Soleil radieux ce matin, averse à 17 heures: la représentation de ce soir sera transférée au Centre culturel. Françoise Cadol qui à Plamon regrettait un peu que le plein air rende impossible les noirs qui servent si bien la mise en scène de Jeanne et Marguerite sera sans doute rassurée…

SAMEDI 2 AOÛT.
* Un spectateur regrette qu’il n’y ait pas de captation vidéo des rencontres de Plamon –tant de richesse qui se perd… À quoi Christophe Luthringer répond que certes ces rencontres sont d’une densité, d’une qualité exceptionnelles et que lui-même a pris un immense plaisir à y participer, qu’il en a retiré beaucoup en tant qu’artiste mais que, peut-être, elles sont à vivre comme la représentation théâtrale et qu’il faut donc en accepter l’éphémérité. Et de se référer aux mandalas tibétains que les moines détruisent au cours d’une cérémonie complexe – ritualisation de l’impermanence de toutes choses… Or nous autres Occidentaux n’avons de cesse que de tâcher de la conjurer, cette impermanence. En vain, forcément. Car il se passe quelque chose au vif de ces rencontres, dans leur intensité et dans l’évanouissement même cette énergie vibrante, de cette circulation d’émotions, d’affects portés par les paroles échangées que ne fixera jamais aucune captation, sonore ni même vidéo – et qui fait justement leur prix. En revanche, les filmer, les enregistrer, n’en est pas moins digne d’intérêt, à condition de ne pas attendre de ces traces qu’elles soient autre chose que des traces, des documents, précieux certes mais transmettant seulement une phase "informative" si l’on veut de l’événement. Trop consciente de ce qui reste insaisissable de ces merveilleux moments matinaux, j’ai renoncé à mon petit enregistreur audio. Non pas tant parce que je sais que le temps me manquera pour transcrire au plus juste ce qu’il aura capté et le mettre en ligne, mais parce que, réécoutant les enregistrements, j’ai perçu trop souvent l’écho de ce qui s’est brisé entre le vécu et sa trace numérique. Le son de la brisure plus que les propos tenus et leur force.

DIMANCHE 3 AOÛT.
* À Plamon – mais hier, déjà… ‒ Philippe Mangenot tout entier habité par sa passion shakespearienne et pour Hamlet en particulier, par un savoir foisonnant aussi sur la façon dont on faisait du théâtre au XVIe siècle en Angleterre et offrant aux personnes présentes une multitude d’informations que je buvais avidement, tâchant d’en retenir le plus possible tandis que je sentais s’embraser en moi une curiosité grande ouverte – vite, me replonger dans mon édition bilingue de la pièce, acheter la traduction d’André Markowicz, et aller plus loin: réécouter les cinq émissions de La Grande Traversée consacrées à William Shakespeare, et plus loin encore, tailler la route au milieu des mille pistes de réflexions proposées sur la langue, la traduction, la période élisabéthaine… Une soif ardente d’explorer plus avant ce que je viens d’apprendre et les pensées qui s’amorcent, mais impossible à étancher sauf à y consacrer sinon ce qui me reste de vie du moins plusieurs mois en totale immersion. Au moins dire cela exorcisera-t-il un peu cette frustration. Il me faut surtout sauvegarder à la hâte, comme je ferais un croquis au crayon d’une vision fugitive, quelques informations que je regrette un peu de n’avoir pas retrouvées dans Hamlet 60, spectacle si bien conçu et interprété au demeurant que j’en aurais bien volontiers demandé le double – un Hamlet 120, avec un sablier deux fois plus grand…
- Lorsque la première sentinelle demande "Who’s there?" et que l’on traduit par "Qui va là?" au lieu de "Qui est là?" on perd l’annonce de ce qui sera exprimé plus tard par le fameux to be or not to be.
- Quand Horatio répond "A piece of him" l’on traduit ordinairement par une formule "mot à mot", du genre "un morceau de lui", ou "un peu de lui" mais André Markowicz a traduit par "Son début"… étrange? Pas tant que ça: c’est une manière de renvoyer à la fin de la pièce quand Hamlet mourant charge Horatio de raconter son histoire…
- Enfin, dans une de ses répliques, le fantôme a une formule que l’on entend aujourd’hui comme une figure de style poétique alors qu’elle est une périphrase pour désigner "le purgatoire", notion qu’il était interdit de nommer au XVIe siècle – et que le public d’alors identifiait immédiatement…
À seulement me souvenir de ces trois indications, j’entrevois, émerveillée, fascinée… et atterrée tout ce que nous perdons, nous spectateurs, à aller voir une pièce sans avoir en bagage référentiel fût-ce une petite partie de ces connaissances dont s’enrichissent pour chacun de leurs spectacles les metteurs en scène et les comédiens…


LUNDI 4 AOÛT.
* Quand les Grandes traversées de France Culture rencontrent, par "hasard objectif", le Festival de Sarlat: après les cinq émissions consacrées à William Shakespeare du 14 au 18 juillet, où l’on entendit notamment André Markowicz, voilà ce matin que débute une série "traversière" (à suivre jusqu'au 8 août) tout entière vouée à Marguerite Duras. Je guette d’une oreille un éventuel passage de Claire Deluca…
* J’espérais la pluie qui aurait transporté La Bande du Tabou au Centre culturel, dont la jauge est supérieure à celle des Enfeus, ce qui m’aurait ainsi permis d’avoir une place puisqu’il ne reste plus un seul billet vaillant en vente, tout ayant été vendu en trois ou quatre jours après l’ouverture de la billetterie. Comment me résoudre à manquer la dernière représentation du festival (qui, per une belle mise en écho, raconte la dernière soirée du Tabou, qui dut fermer pour cause de tapage nocturne après quelques mois à peine d’existence…)? Mais sous ses rodomontades gris plomb, le ciel semble devoir rester sans pluie. Et même se montrer solaire. Les Enfeus, donc… Une joie cependant m’attendait au sortir de Plamon: le comité du festival m’a trouvé UNE place!!! Ô Bonheur, bonheur inouï!

MARDI 5 AOÛT.
* 8 heures. Je faisais il y a à peine quelques heures mes derniers pas post-spectacle dans Sarlat – à minuit passé, donc, déjà, ce matin: l’ultime représentation du 63e festival des Jeux du théâtre a été une véritable apothéose et, comme en une queue de comète que je ne voudrais pas voir disparaître j’en laisse les échos s’enfoncer lentement dans l’obscurité en continuant de bavarder – de chats, de théâtre … ‒ en déambulant. Douceur de la nuit, calme des rues quasi désertes où des bruits festifs – rires et lumières, verres choqués – encore traînant ont soudain quelque chose de paisible, cessent d’être bruyants ainsi piqués dans la quiétude nocturne.
* J’achève la lecture de La Vie de Galilée. Le festival serait, en termes d’ancienne cosmogonie, un système de sphères de cristal colorées emboîtées dont chacune représenterait un des spectacles programmés. Chacune riche de ses irisations propres et jouant de ses reflets avec les autres par transparences superposées sans rien perdre d’elle: cela me paraît assez bien refléter (!) le sentiment que j’éprouve en voulant exprimer ce qu’apporte l’organisation particulière du festival, qui amène forcément et sans que les organisateurs aient eu le moindre dessein de cohésion thématique – les innombrables contraintes de disponibilités, de moyens et d’adéquation techniques suffisent amplement à déterminer les programmations – une appréhension "osmotique" des spectacles. Dès lors que l’on en voit plusieurs ils résonnent les uns avec les autres et acquièrent ainsi une épaisseur de sens unique. Au rythme d’un par soirée, une telle proximité pourrait faire que l’un, particulièrement "spectaculaire", nuise à la réception du suivant, plus humble ou trop radicalement différent dans sa forme pour ne pas déconcerter. Assister aux rencontres de Plamon est, à mon avis, le meilleur moyen d’éviter cet écueil: elles ont un rôle à la fois cathartique – on s’affranchit des affects liés au spectacle de la veille dans l’échange avec les comédiens; grâce à leurs explications on les met à distance – et préparatoire – on se prépare par petites touches à la représentation du soir et, libéré du trop-plein laissé par la précédente, on est ainsi prêt à l’accueillir.
* Sarlat chauffe sous le soleil aoûtien. Je suis sur le départ, fais le compte de tous les brouillons qu’il me faut maintenant retailler et affiner avant que les souvenirs et le feu des réflexions rancissent trop. Soudain je m’avise que, cette année, il n’a pas été question de "spectacle Carambar" ‒ ces pièces qui surprennent et séduisent Jean-Paul Tribout si totalement qu’elles ne peuvent, selon lui, qu’emporter aussi l’enthousiasme du public; fort de cette conviction, il promet chaque année un paquet de Carambar à quiconque n’aimera pas le spectacle. Et que, l’ayant constaté, j’ai tout de même oublié de demander ce qu’il était advenu de ce label. Peut-être parait-il les dix-huit spectacles de cette 63e édition?

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