Clins de fleur
Au bout de leurs hampes
charnues, à la fois légères et opulentes, les fleurs d’iris ont des grâces de diva. Telles de grandes dames distinguées aimant afficher leurs richesses, elles offrent aux regards leurs pétales de
soie torturée aux confins de la déchirure avec des coquetteries félines. Laissant flotter autour de leurs inflorescences pareilles à de longs doigts gantés de velours repliés devant un visage aux
traits secrets, des senteurs fortes venues de leurs racines que l’on dirait remontées de vieux coffrets de bois précieux et moisis longtemps inhumés au fond de caves humides, les iris formant
haies dans les jardins ourlent de ténèbres ces jours d’avril qui commencent à peine à pactiser avec le soleil.
Cessant d’être fleurs pour se répandre au cœur des yeux, ils font exploser là en myriades de paillettes l’inaudible langage de l’âme.
Au jardin comme à l ’œil toujours l’ombre est la compagne de l’iris.