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27 décembre 2013 5 27 /12 /décembre /2013 14:39

Cette année encore, j'ai soumis cinq photographies doublées chacune du texte exigé par le règlement à la sélection du jury de Photovision94, ce concours réservé aux photographes amateurs du Val-de-Marne auquel j'ai pris part pour la première fois en 2011 et dont la cinquième édition donnera lieu à une exposition au centre socioculturel Madeleine Rébérioux de Créteil, du lundi 1er au vendredi 14 février 2014. Le thème, qui avait été choisi en mars dernier par les exposants présents au décrochage des "textimages" invitant à "faire un rêve", était ainsi énoncé: "Bizarre? Vous avez dit bizarre?" Très vite mon imagination s'était emballée et je me souviens d'avoir, à un rythme accéléré dès les jours suivants, vu défiler mille et une photographies à faire qui puissent être aussi "bizarres" que possible, et dans leur sillage s'énoncer autant de bribes textuelles susceptibles de les accompagner. Bien sûr, rien ou presque de ce que j'avais visualisé n'a été concrétisé. Aucune surprise de ce côté-là: je suis coutumière de ce foisonnement mental qui ne résiste jamais ou presque à l'épreuve du réel et se réduit, quand je tente de donner corps à l'une ou l'autre de mes imaginations, en un pitoyable résultat. J'ai cependant trouvé cinq photos à proposer, et composé pour chacune un texte. Je sais maintenant que deux d'entre elles seront exposées. Au fil de mes participations, l'envie a germé de constituer ici, qui est mon lieu de réflexion, de mise en perspective, les "albums" de mes candidatures successives – celles-ci en effet ne prennent sens, en ce qui regarde mon travail personnel, mon rapport aux thèmes, qu'à travers la totalité des "textimages" que j'ai envoyés, quelles que soient leur qualité, leur "(non-)pertinence au thème", leur valeur esthétique... Or, et l'on comprend sans peine pourquoi, le site de l'événement ne publie, pour chaque édition, que les œuvres retenues par le jury.

Je ne reviendrai pas sur les "abstractions urbaines" dont j'ai tout repris dans le "prologue". En revanche, puisque rien n'a filtré ici du thème suivant, "Intimités" – ce serait d'ailleurs très éclairant pour moi d'explorer d'une part ce silence, et d'autre part mon relatif échec dans le traitement du thème puisqu'une seule de mes photos a été exposée, une vue recadrée de surcroît et que je n'ai pas pu tirer moi-même puisqu'elle était en couleurs – je commencerai donc cet album par ces "Intimités" et je poursuivrai, de très chronologique manière, par les "rêves" de 2013. Quant aux "bizarreries" de 2014, il me semble plus opportun de m'y arrêter au moment de l'exposition.

Mais avant de regarder en arrière, quelques mots de ce qui se lève à l'horizon... Car sous le nom Photovision,bien des mouvements se sont produits depuis mars dernier. Tout d'abord le concept de ce concours départemental s'est étendu: une édition "75" est née, autour du même thème et régie par un règlement identique mais réservé cette fois aux habitants de Paris. Voilà une première concrétisation de cette vocation très tôt affirmée de ce concours à s'étendre à l'échelle nationale, mais toujours "territorialisé" au niveau départemental. Et le dynamisme des organisateurs, qui a permis cette première déclinaison hors du Val-de-Marne, est aussi à l'origine de la création d'une association "loi 1901" dont l'objet dépasserait la seule organisation annuelle des différentes versions du concours, et destinée surtout à être un bouillonnant lieu d'échanges pour ses membres. Les statuts sont, à l'heure où j'écris, en passe d'être très bientôt déposés. Les quelques réunions préparatoires auxquelles j'ai participé laissent augurer de superbes projets photographiques, très mobilisateurs, et avant même de m'être acquitté de ma cotisation, je me sens tout entière, par le cœur et l'esprit, membre de cette association. La perspective de la rejoindre a formé un creuset où s'agitent, en fusion, maintes réflexions et dont il n'est pas temps encore de vider le contenu...

Place donc aux albums, intimes et rêvés...

Intimités (1). Comme les replis d’un vêtement préservent l’intimité d’un corps, ruelles et venelles de la vieille ville s’entrecroisent en de mystérieux labyrinthes celant aux promeneurs l’espace privé des maisons. Dans l’échancrure d’une arche trouant un mur, trois marches soudain entraperçues laissent deviner qu’un escalier, là bas, s’épanouit en secret. Souvent gravi pour rejoindre l’être aimé – ou dévalé pour le quitter…

Intimités (1). Comme les replis d’un vêtement préservent l’intimité d’un corps, ruelles et venelles de la vieille ville s’entrecroisent en de mystérieux labyrinthes celant aux promeneurs l’espace privé des maisons. Dans l’échancrure d’une arche trouant un mur, trois marches soudain entraperçues laissent deviner qu’un escalier, là bas, s’épanouit en secret. Souvent gravi pour rejoindre l’être aimé – ou dévalé pour le quitter…

Intimités (2). La maison abandonnée gît, toute figée dans son cocon de broussailles. Ses derniers occupants sont morts il y a presque cent ans et plus personne depuis n’est entré là. Le bois de la porte, épais, s’est fendillé mais il résiste encore. Le loquet s’est rouillé – mécanisme grippé. Le secret est scellé pour jamais de ces pièces qui, à l’intérieur, avec leurs meubles, leurs bibelots, ont dû garder intacte sous la poussière la mémoire des jours anciens Telles des pages flétries d’un journal intime où se seraient écrits au fil des ans les chagrins et les rires de toute une famille.

Intimités (2). La maison abandonnée gît, toute figée dans son cocon de broussailles. Ses derniers occupants sont morts il y a presque cent ans et plus personne depuis n’est entré là. Le bois de la porte, épais, s’est fendillé mais il résiste encore. Le loquet s’est rouillé – mécanisme grippé. Le secret est scellé pour jamais de ces pièces qui, à l’intérieur, avec leurs meubles, leurs bibelots, ont dû garder intacte sous la poussière la mémoire des jours anciens Telles des pages flétries d’un journal intime où se seraient écrits au fil des ans les chagrins et les rires de toute une famille.

Intimités (3). Le soleil est à son zénith. Sa chaleur marmoréenne réduit le village immobile au silence. Les maisons trapues aux murs épais ont refermé leurs portes et leurs volets sur le peu de fraîcheur conservé du matin – sur les siestes sans faille de leurs habitants. Là comme dans un rêve, je suis seule à cette heure à ne pas dormir. À pas lents j’arpente les rues vides. Derrière ces murs clos j’imagine le mouvement de la vie – ses pulsations secrètes, alenties où avivées – sans rien savoir des existences particulières qu’il anime. Levant les yeux à l’improviste j’aperçois, crevant une façade, cette petite béance sombre en forme d’accent circonflexe. Le demi-sourire éclairant furtivement le visage d’un taiseux sur le point de se livrer : des bouffées d’intimité s’en échappent.  Un écrivain en aurait sans doute fait tout un roman. Je ne suis qu’une promeneuse de hasard et ma petite histoire s’arrête ici…

Intimités (3). Le soleil est à son zénith. Sa chaleur marmoréenne réduit le village immobile au silence. Les maisons trapues aux murs épais ont refermé leurs portes et leurs volets sur le peu de fraîcheur conservé du matin – sur les siestes sans faille de leurs habitants. Là comme dans un rêve, je suis seule à cette heure à ne pas dormir. À pas lents j’arpente les rues vides. Derrière ces murs clos j’imagine le mouvement de la vie – ses pulsations secrètes, alenties où avivées – sans rien savoir des existences particulières qu’il anime. Levant les yeux à l’improviste j’aperçois, crevant une façade, cette petite béance sombre en forme d’accent circonflexe. Le demi-sourire éclairant furtivement le visage d’un taiseux sur le point de se livrer : des bouffées d’intimité s’en échappent. Un écrivain en aurait sans doute fait tout un roman. Je ne suis qu’une promeneuse de hasard et ma petite histoire s’arrête ici…

Intimités (4). La nuit souvent invite à d’impossibles voyages –  L’on va en des terres obscures, à soi réservées que l’on visite en solitaire. Aussi loin que l’on aille  Une paupière entrouverte suffit à rompre l’intimité du rêve. Et l’on se retrouve au cœur de la chambre où l’on s’est endormi. Que vienne un souffle d’air et le rideau lui aussi se soulèvera –  Livrant passage à la rumeur du jardin.

Intimités (4). La nuit souvent invite à d’impossibles voyages – L’on va en des terres obscures, à soi réservées que l’on visite en solitaire. Aussi loin que l’on aille Une paupière entrouverte suffit à rompre l’intimité du rêve. Et l’on se retrouve au cœur de la chambre où l’on s’est endormi. Que vienne un souffle d’air et le rideau lui aussi se soulèvera – Livrant passage à la rumeur du jardin.

Intimités (5. L'élue...). Elle a perdu beaucoup d’êtres chers. Mais ils ne lui manquent pas : elle vient souvent leur parler. À chacune de ses visites, ce sont de longs conciliabules silencieux entre âmes qui se comprennent – car ils lui répondent, et l’entretiennent de la vie d’après, tandis qu’elle tâche de leur raconter le cours du temps terrestre.  Elle aime être seule avec eux. Voit-elle quelqu’un se recueillir sur l’une ou l’autre des tombes du petit cimetière qu’elle s’effraie et s’en va, remettant à plus tard le tête-à-tête intime avec ces morts qu’elle chérit tendrement.  C’était aujourd’hui l’anniversaire de sa mère. Elle lui avait apporté ses roses préférées.  Un intrus a surgi – l’effarouchée a laissé son bouquet.

Intimités (5. L'élue...). Elle a perdu beaucoup d’êtres chers. Mais ils ne lui manquent pas : elle vient souvent leur parler. À chacune de ses visites, ce sont de longs conciliabules silencieux entre âmes qui se comprennent – car ils lui répondent, et l’entretiennent de la vie d’après, tandis qu’elle tâche de leur raconter le cours du temps terrestre. Elle aime être seule avec eux. Voit-elle quelqu’un se recueillir sur l’une ou l’autre des tombes du petit cimetière qu’elle s’effraie et s’en va, remettant à plus tard le tête-à-tête intime avec ces morts qu’elle chérit tendrement. C’était aujourd’hui l’anniversaire de sa mère. Elle lui avait apporté ses roses préférées. Un intrus a surgi – l’effarouchée a laissé son bouquet.

Faisons un rêve (1. L'une des élues...). Le rêve est un mot ailé – comme une fée. Flou, fugace – mais tenace comme un vol arrêté. Et toujours un peu perdu.

Faisons un rêve (1. L'une des élues...). Le rêve est un mot ailé – comme une fée. Flou, fugace – mais tenace comme un vol arrêté. Et toujours un peu perdu.

Faisons un rêve (2). A-t-on jamais pensé, fût-ce une seconde, que l’on «descendait» en ses songes, en ses espoirs? Toujours «rêver» est ascensionnel… Une volée de marches entrevue, et voilà que l’on imagine ouverte la voie vers le paradis!

Faisons un rêve (2). A-t-on jamais pensé, fût-ce une seconde, que l’on «descendait» en ses songes, en ses espoirs? Toujours «rêver» est ascensionnel… Une volée de marches entrevue, et voilà que l’on imagine ouverte la voie vers le paradis!

Faisons un rêve (3). Derrière les vitrines, tant de chimères! Bibelots, vêtements, accessoires… 	Si proches, à les regarder,  	Mais hors de portée. Derrière les vitrines des femmes en sont parées 	pour mieux attiser nos rêves. Mais elles? Nous sommes-nous jamais demandé si elles rêvaient? Et de qui? Et de quoi? 	De nous peut-être, tout simplement. 	De nous et de nos vies, là-derrière les vitrines.

Faisons un rêve (3). Derrière les vitrines, tant de chimères! Bibelots, vêtements, accessoires… Si proches, à les regarder, Mais hors de portée. Derrière les vitrines des femmes en sont parées pour mieux attiser nos rêves. Mais elles? Nous sommes-nous jamais demandé si elles rêvaient? Et de qui? Et de quoi? De nous peut-être, tout simplement. De nous et de nos vies, là-derrière les vitrines.

Faisons un rêve (4. Deuxième élue...). Rêver? À moi qui suis né parmi les damnés de la Terre, cela est interdit. Chaque fois que mes yeux quittent la fange pour tâcher d’apercevoir le ciel, l’horizon s’efface. Et c’est un vieux portail rouillé qui le remplace.

Faisons un rêve (4. Deuxième élue...). Rêver? À moi qui suis né parmi les damnés de la Terre, cela est interdit. Chaque fois que mes yeux quittent la fange pour tâcher d’apercevoir le ciel, l’horizon s’efface. Et c’est un vieux portail rouillé qui le remplace.

Faisons un rêve (5. Troisième élue...) Depuis que je suis toute petite, la mer clapote au bord de mes rêves. Mais je ne l’ai jamais vue qu’en images – cartes postales, calendrier des Postes…  Je vis loin d’elle, dans un taudis que je ne quitterai plus maintenant – et je ne la verrai jamais. Alors j’essaie d’inviter la mer à mon seuil… Ce vieux transat, tiré de la décharge, suffira-t-il à faire venir près de moi l’été et le sable avant que je meure?

Faisons un rêve (5. Troisième élue...) Depuis que je suis toute petite, la mer clapote au bord de mes rêves. Mais je ne l’ai jamais vue qu’en images – cartes postales, calendrier des Postes… Je vis loin d’elle, dans un taudis que je ne quitterai plus maintenant – et je ne la verrai jamais. Alors j’essaie d’inviter la mer à mon seuil… Ce vieux transat, tiré de la décharge, suffira-t-il à faire venir près de moi l’été et le sable avant que je meure?

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  • : Terres nykthes
  • : Ce blog au nom bizarre consonant un rien "fantasy" est né en janvier 2009; et bien que la rubrique "archives" n'en laisse voir qu'une petite partie émergée l'iceberg nykthéen est bien enraciné dans les premiers jours de l'an (fut-il "de grâce" ou non, ça...) 2009. C'est un petit coin de Toile taillé pour quelques aventures d'écriture essentiellement vouées à la chronique littéraire mais dérivant parfois - vers où? Ma foi je l'ignore. Le temps le dira...
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  • Entre littérature et arts visuels, à la poursuite des ombres, je cherche. Parfois je trouve. Souvent c'est à un mur que se résume le monde... Yza est un pseudonyme, choisi pour m'affranchir d'un prénom jugé trop banal mais sans m'en écarter complètement parce qu'au fond je ne me conçois pas sans lui
  • Entre littérature et arts visuels, à la poursuite des ombres, je cherche. Parfois je trouve. Souvent c'est à un mur que se résume le monde... Yza est un pseudonyme, choisi pour m'affranchir d'un prénom jugé trop banal mais sans m'en écarter complètement parce qu'au fond je ne me conçois pas sans lui

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