Longtemps la vision aura flotté aux marches de la pensée,
intermittente et vague mais obsédante. Toute frangée de mots évanescents qui jusqu’alors ne l’avaient pu fixer…
Un long couloir obscur et droit tendu vers un point de fuite si
lointain qu’il en est presque invisible
Des statues de pierre le peuplent
Lisses, et blanches, et nues – aussi parfaites que le silence
Dressées à l’angle de la nuit et des mutités arides elles sont les stèles de mes mots introuvés
Elles prêtent corps à mes déserts
Aux abîmes forés en moi qui souvent me font crier sans bruit et étouffer jusqu’aux plus nocturnes désespoirs
De leurs yeux vides – elles si blanches dans la ténèbre du couloir, plus vertigineux qu’un vortex – elles murmurent
l’éternité
Mais la pierre comme la chair se corrompt, s’érode et finit en poussière.
Il n’y a pas d’éternité.