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Si longtemps! ô certes voilà beau temps que je suis devenue coutumière des intermittences, des silences prolongés – comme si, d’année en année, je tâchais de m’effacer petit à petit en réduisant à presque rien mon écriture, de me détruire, en me taisant, comme la fameuse bande magnétique du générique culte de Mission impossible (la série télévisée) mais à beaucoup plus petit feu qu’elle, étalant mon autoconsumation sur des années et des années quand elle disparaît en fumée au bout de cinq secondes.
Je n’ai cessé de répéter que je tenais par l’écriture et la photo et ce sont elles deux que peu à peu je gomme de ma vie, n’ayant plus dans l’un et l’autre domaine que de vagues intentions, incandescentes quand elles se forment puis presque aussitôt ternies, éteintes, frappées de nullité, jugées minables et vaines, bonnes pour la poubelle.
Le sempiternel «à quoi bon» toujours vainqueur. Malgré ici et là des sursauts, comme celui-ci, suscité par un curieux surgissement: deux courriels me sont arrivés hier et avant-hier m’informant que j’avais reçu un message dans la boîte de réception de mon blog. Personne ne m’a plus contactée par là depuis des années et des années (car je compte pour rien les bizarreries tombées dans cette messagerie qui me proposaient dans un anglais de cuisine des remèdes miracles à la baisse de libido... ou libellées en caractères cyrilliques qui bien sûr m’étaient incompréhensibles) et ces deux courriels m’ont fait l’effet d’un coup de tisonnier dans un tas de cendres. Tous ces textes, ces mots, ces images tassés là, qui persistent et persisteront tant que je paierai mon abonnement annuel mais que plus personne ne réveille de leur torpeur et que moi-même j’abandonne à leur sort puisque, ne publiant plus (ou presque plus: la preuve aujourd’hui que c’est un «presque» qui doit faire foi), je n’ai plus la constance de lancer assez régulièrement l’hameçon du «dernier article» auquel pourrait s’accrocher au moins un lecteur qui, de là, aurait peut-être envie d’explorer les tréfonds de ce très vieux blog (né en 2009!).
Donc ces messages? Eh bien rien du tout – ma messagerie nykthéenne est vide. Pas même une de ces «bizarreries» décrites plus haut. Alors oui je suis un peu déçue: en dépit de tout mon défaitisme, je garde quelque part, loin là-bas dans un recoin profond où sont réfugiées les petites étincelles encore vives attestant que je n’ai pas, à ce jour, atteint le point de non-retour des renoncements, cette conviction que ce blog héberge du sens, et du sens qui ne regarde pas que le cercle étroit de ma petite intériorité ratatinée radotant à longueur de Brèves d’un jour et d’Introscopies ses obsessions, ses peurs, les érosions de ses désirs et le vert-de-gris de ses intentions laissées pour compte.
Ce coup de tisonnier aura eu au moins pour effet de me ramener concrètement ici – je veux dire scripturalement, par la textification. Jusqu’à quel point est-ce salutaire, si la cendre retombe de nouveau pour plusieurs mois...