21 novembre 2009
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Lamendin contemple
avec envie l'eau du canal - il est bien tenté d'en finir avec une vie qui ne le satisfait guère... Un de ses amis parvient à l'en dissuader en le poussant à consulter un spécialiste - le professeur
Ruffisque, qui guérit les suicidaires avec une méthode si sûre qu'il garantit à ses clients le remboursement de leur consultation en cas d'échec de la thérapie... Lamendin est à l'évidence victime
d'un escroc. Mais il s'en tire si bien qu'à son tour il monte une escroquerie avec l'appui de Margajat, un banquier plus filou que lui et qui, au lieu de dissimuler une méfiance justifiée sous de
fallacieux arguments comme ses confrères, ou de se défaire du demandeur malhonnête manu militari, abonde en son sens et l'entraîne plus loin encore dans le mensonge en apportant la part
qui manquait au montage de l'arnaque... Se met en place une monumentale escroquerie financière et immobilière assise sur rien moins qu'une erreur scientifique commise par un géographe de renom, une
escroquerie qui touchera des actionnaires crédules dans toute l'Europe. Quelle escroquerie? Le développement et l'embellissement de Donogoo-Tonka, une ville d'Amérique du Sud... qui n'existe pas.
Un peu d'imagination, beaucoup de menteries - et il n'y paraît plus.
Sur ce thème du floué flouant à son tour plus naïf que lui, Jules Romain a écrit une comédie pleine de verve, où les formules cinglantes abondent qui donnent à réfléchir aussi bien au sujet de la "vérité scientifique" que des mécanismes financiers, de la crédulité des masses, ou de l'imparable mutation qui transforme en trompeurs les trompés. À ce comique de texte et de situation la mise en scène de Jean-Paul Tribout ajoute un comique scénique du meilleur effet. D'une part en ramenant la pièce à une succession de séquences brèves et enlevées, scandées par des "noirs" habillés d'une musique tonique oscillant entre tonalités jazzy et western qui confèrent au spectacle une allure très bédéïque. Puis en confiant les quelque quarante rôles de la pièce à huit comédiens, il introduit une succession de changements de costumes dont beaucoup sont délibérément caricaturaux - ah, la blonde de bar qu'on ne voit que de dos, ou le Marseillais hâbleur... Et en faisant évoluer tout ce monde dans un ensemble de décors mis en boîtes que l'on escamote ou déploie selon les besoins, des boîtes à trésors admirablement conçues d'où l'on fait jaillir une multitude d'accessoires. La théâtralité et le factice s'exhibent à tous les niveaux, histoire de montrer, fort plaisamment, que l'on est dans l'univers de la tromperie et de l'exploitation sans vergogne de la naïveté des faibles.
Mais le plus grand mérite de la mise en scène de Jean-Paul Tribout - servie, il importe tout de même de le souligner, par une interprétation magnifique de tous les comédiens - réside en ce que son rythme, extrêmement rapide, n'étouffe jamais le texte ni les gags. On entend tout du texte de Jules Romains, on perçoit tout des jeux de scène créés autour des objets - même les plus subreptices. C'est magistral, et délectable.
Cette valse de dupes muées en grugeurs dont certains finissent par être grugés à nouveau, menée tambour battant par huit comédiens qui suivent sans faiblir le rythme effréné qu'impose la mise en scène est des plus réjouissantes. Pour se mettre de bonne humeur en cette fin d'automne et rire de bon cœur de ce qui, au fond, devrait affliger sinon fâcher, rien de tel qu'une virée à Donogoo-Tonka, avec pour guides Jean-Paul Tribout et ses acolytes.
Départs quotidiens (sauf les dimanches et lundis) jusqu'au 2 janvier 2010 au Théâtre 14 Jean-Marie Serreau, avenue Marc Sangnier - 75014 Paris. Réservations au 01.45.45.49.77.
Donogoo
Texte de Jules Romains
Mise en scène:
Jean-Paul Tribout assisté de Xavier Simonin
Avec (par ordre d'entrée en scène):
Patrick d'Assumcao, Jacques Fontanel, Eric Chantelauze, Xavier Simonin, Pierre Trapet, Jean Paul Tribout, Jean-François Guillet, Laurent Richard
Décors et accessoires:
Amélie Tribout
Lumières:
Philippe Lacombe
Costumes:
Aurore Popineau
Musique:
Jean-Jacques Milteau
NB - Un petit retour à Sarlat (festival des jeux du théâtre 2009) vous permettra de retrouver ce que le metteur en scène et les comédiens avaient dévoilé de leur travail lors des Apéritifs de Plamon.
Sur ce thème du floué flouant à son tour plus naïf que lui, Jules Romain a écrit une comédie pleine de verve, où les formules cinglantes abondent qui donnent à réfléchir aussi bien au sujet de la "vérité scientifique" que des mécanismes financiers, de la crédulité des masses, ou de l'imparable mutation qui transforme en trompeurs les trompés. À ce comique de texte et de situation la mise en scène de Jean-Paul Tribout ajoute un comique scénique du meilleur effet. D'une part en ramenant la pièce à une succession de séquences brèves et enlevées, scandées par des "noirs" habillés d'une musique tonique oscillant entre tonalités jazzy et western qui confèrent au spectacle une allure très bédéïque. Puis en confiant les quelque quarante rôles de la pièce à huit comédiens, il introduit une succession de changements de costumes dont beaucoup sont délibérément caricaturaux - ah, la blonde de bar qu'on ne voit que de dos, ou le Marseillais hâbleur... Et en faisant évoluer tout ce monde dans un ensemble de décors mis en boîtes que l'on escamote ou déploie selon les besoins, des boîtes à trésors admirablement conçues d'où l'on fait jaillir une multitude d'accessoires. La théâtralité et le factice s'exhibent à tous les niveaux, histoire de montrer, fort plaisamment, que l'on est dans l'univers de la tromperie et de l'exploitation sans vergogne de la naïveté des faibles.
Mais le plus grand mérite de la mise en scène de Jean-Paul Tribout - servie, il importe tout de même de le souligner, par une interprétation magnifique de tous les comédiens - réside en ce que son rythme, extrêmement rapide, n'étouffe jamais le texte ni les gags. On entend tout du texte de Jules Romains, on perçoit tout des jeux de scène créés autour des objets - même les plus subreptices. C'est magistral, et délectable.
Cette valse de dupes muées en grugeurs dont certains finissent par être grugés à nouveau, menée tambour battant par huit comédiens qui suivent sans faiblir le rythme effréné qu'impose la mise en scène est des plus réjouissantes. Pour se mettre de bonne humeur en cette fin d'automne et rire de bon cœur de ce qui, au fond, devrait affliger sinon fâcher, rien de tel qu'une virée à Donogoo-Tonka, avec pour guides Jean-Paul Tribout et ses acolytes.
Départs quotidiens (sauf les dimanches et lundis) jusqu'au 2 janvier 2010 au Théâtre 14 Jean-Marie Serreau, avenue Marc Sangnier - 75014 Paris. Réservations au 01.45.45.49.77.
Donogoo
Texte de Jules Romains
Mise en scène:
Jean-Paul Tribout assisté de Xavier Simonin
Avec (par ordre d'entrée en scène):
Patrick d'Assumcao, Jacques Fontanel, Eric Chantelauze, Xavier Simonin, Pierre Trapet, Jean Paul Tribout, Jean-François Guillet, Laurent Richard
Décors et accessoires:
Amélie Tribout
Lumières:
Philippe Lacombe
Costumes:
Aurore Popineau
Musique:
Jean-Jacques Milteau
NB - Un petit retour à Sarlat (festival des jeux du théâtre 2009) vous permettra de retrouver ce que le metteur en scène et les comédiens avaient dévoilé de leur travail lors des Apéritifs de Plamon.