3 août 2009
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Arrivés la veille à 16 heures et repartis le lendemain en début de
matinée, les quatre membres du Quatuor (Jean-Claude Camors, Pierre Ganem, Jean-Yves Lacombe et Laurent Vercambre) ont ainsi joué une fugue sarladaise bien connue des festivaliers – trains à prendre
et dates à honorer ailleurs – ce dont on se réjouit pour eux… tout en regrettant d’être privé de leur présence.
Jean-Paul Tribout a magistralement pallié ce manque ; certes porteur de toutes les réponses aux questions susceptibles d’être posées – les artistes avaient eu soin de les lui communiquer après le spectacle – il a aussi évoqué, de ce verbe allègre prompt à l’anecdote que l’on apprécie tant, la "petite histoire des Quatre" en leur adressant au passage des éloges qui débordaient largement leur carrure artistique :
Passer une soirée en leur compagnie est un vrai plaisir ; ils sont drôles, intelligents, généreux… bref, ils allient le talent et les qualités humaines.
Drôle, intelligent, généreux ? Trois au moins des qualificatifs qui conviennent merveilleusement à leur spectacle !
Le parcours
Jean-Paul Tribout :
Tous les quatre sont au départ comédiens ; ils se sont connus il y a environ trente ans, alors qu’ils fréquentaient je crois le même cours d’art dramatique. Mais Le Quatuor en tant que formation existe depuis vingt ans – il leur a tout de même fallu dix ans pour monter le groupe ! Chacun faisait de la musique de son côté et avoir en commun cet amour, cette pratique de la musique leur a donné envie de former Le Quatuor. Ils ont commencé à jouer en cabaret, puis au fil du temps ils se sont perfectionnés.
Avant de se constituer en Quatuor, ils faisaient de petites choses ensemble par sympathie mutuelle. Personnellement, je les ai rencontrés il y a fort longtemps, alors qu’ils jouaient les divertissements du Bourgeois Gentilhomme de Molière. C’était au Havre, dans un petit théâtre qui s’appelait les Bains-Douches. J’étais venu voir jouer une amie, Michelle Simonet, mais je n’ai vu qu’eux, ces quatre types époustouflants qui écrasaient les pauvre comédiens ! Je crois que c’est à peu près à ce moment-là qu’ils ont décidé de former le quatuor. Mais ils ont eu du mal à démarrer, parce que leur spectacle est inclassable. Est-ce de la variété ? Du théâtre ? Un concert ? Aujourd’hui, ils remplissent des salles dans le monde entier…
Pierre Ganem rêvait de monter une adaptation de Prova d'Orchestra, le célèbre film de Fellini, mais il s’est rendu compte qu’il fallait être non pas 4 mais 30… le projet est donc mis de côté pour le moment.
Comment sont-ils perçus par le monde musical ?
Pour un non-musicien, ce qu’ils font est prodigieux. D’autant qu’ils sont d’excellents chanteurs, dotés de tessitures très larges. Pour un professionnel en revanche, ils sont d’un niveau musical moyen, dirons-nous. Didier Lockwood, par exemple, qui est pianiste de jazz et qui a monté avec sa femme un spectacle un peu dans le même esprit, à la fois théâtral, musical et joyeux, Le Jazz et la diva, trouve qu’ils sont très bien – mais meilleurs comédiens que musiciens. D’ailleurs, ils se considèrent comme des comédiens-musiciens – et pas le contraire… – qui seraient un peu dans la lignée de Ray Ventura et de ses Collégiens, Henri Salvador… et bien d‘autres encore. Plus près de nous, on citera notamment le groupe belge La Framboise Frivole. Ils sont toujours en quête d’un texte de théâtre pur dans lequel interviendrait la musique et qu’ils pourraient jouer ensemble. Ils connaissent bien sûr Mozartement vôtre, d’Alain Westphal, mais la deuxième partie de la pièce, où le quatuor joue effectivement la pièce de Mozart qu’ils étaient en train de répéter, les effraie un peu parce qu’ils craignent de ne pas l’exécuter aussi bien que des musiciens professionnels.
De leur façon de travailler…
Ils écrivent eux-mêmes leurs sketches de manière collective puis c’est ensuite Alain Sachs qui les met en forme pour la scène. Depuis qu’ils se connaissent, ils savent ce dont ils sont capables, et ils construisent le sketch autour. Dans la phase de création il n’y a pas de leader à proprement parler qui décide de faire ceci ou cela, toutes les idées sont bonnes à essayer parce qu’elles ont été proposées par l’un d’eux. Ils sont complètement ouverts aux suggestions des uns et des autres. Il n’y a pas de leader mais il y a Alain Sachs, qui passe derrière et apporte son regard extérieur ; c’est lui qui fait le tri dans toutes les propositions et qui met l’ensemble en forme.
Leur spectacle est très exigeant sur le plan physique, et avant d’entrer en scène ils pratiquent des exercices d’échauffement exactement comme des sportifs.
Deux ou trois choses sur le spectacle proprement dit…
Corps à cordes a été créé il y a environ deux ans ; dans ce que l’on a vu hier il manque un ou deux sketches qu’ils n’ont pas pu faire à cause des conditions du plein air, mais ils en ont rajoutés qui ne figurent pas dans le spectacle originel – c’est donc, comme très souvent à Sarlat, une version vraiment inédite qui a été jouée.
C’est le résultat d’un gros travail sur l’hommage ; pas sur le pastiche ni la parodie mais l’hommage véritable ; ils aiment la musique et montrent une réelle tendresse envers les gens qu’ils imitent à travers toutes les citations musicales et mélodiques qu’ils s’approprient et dont ils nourrissent leur spectacle – je précise que leur renvoi à Thriller est bien antérieur à la mort de Michael Jackson. La diversité de leurs références témoigne d’un œcuménisme musical extrêmement chaleureux.
Jean-Paul Tribout ne fut bien évidemment pas seul à parler ; beaucoup de spectateurs prirent la parole pour manifester leur satisfaction – et signifier aux absents une réaction unanime : ce qu’ils font sur scène relève du génie, ni plus, ni moins ! Ainsi s’est prolongée à Plamon l’ovation debout qu’ils avaient reçue la veille au soir…
Jean-Paul Tribout a magistralement pallié ce manque ; certes porteur de toutes les réponses aux questions susceptibles d’être posées – les artistes avaient eu soin de les lui communiquer après le spectacle – il a aussi évoqué, de ce verbe allègre prompt à l’anecdote que l’on apprécie tant, la "petite histoire des Quatre" en leur adressant au passage des éloges qui débordaient largement leur carrure artistique :
Passer une soirée en leur compagnie est un vrai plaisir ; ils sont drôles, intelligents, généreux… bref, ils allient le talent et les qualités humaines.
Drôle, intelligent, généreux ? Trois au moins des qualificatifs qui conviennent merveilleusement à leur spectacle !
Le parcours
Jean-Paul Tribout :
Tous les quatre sont au départ comédiens ; ils se sont connus il y a environ trente ans, alors qu’ils fréquentaient je crois le même cours d’art dramatique. Mais Le Quatuor en tant que formation existe depuis vingt ans – il leur a tout de même fallu dix ans pour monter le groupe ! Chacun faisait de la musique de son côté et avoir en commun cet amour, cette pratique de la musique leur a donné envie de former Le Quatuor. Ils ont commencé à jouer en cabaret, puis au fil du temps ils se sont perfectionnés.
Avant de se constituer en Quatuor, ils faisaient de petites choses ensemble par sympathie mutuelle. Personnellement, je les ai rencontrés il y a fort longtemps, alors qu’ils jouaient les divertissements du Bourgeois Gentilhomme de Molière. C’était au Havre, dans un petit théâtre qui s’appelait les Bains-Douches. J’étais venu voir jouer une amie, Michelle Simonet, mais je n’ai vu qu’eux, ces quatre types époustouflants qui écrasaient les pauvre comédiens ! Je crois que c’est à peu près à ce moment-là qu’ils ont décidé de former le quatuor. Mais ils ont eu du mal à démarrer, parce que leur spectacle est inclassable. Est-ce de la variété ? Du théâtre ? Un concert ? Aujourd’hui, ils remplissent des salles dans le monde entier…
Pierre Ganem rêvait de monter une adaptation de Prova d'Orchestra, le célèbre film de Fellini, mais il s’est rendu compte qu’il fallait être non pas 4 mais 30… le projet est donc mis de côté pour le moment.
Comment sont-ils perçus par le monde musical ?
Pour un non-musicien, ce qu’ils font est prodigieux. D’autant qu’ils sont d’excellents chanteurs, dotés de tessitures très larges. Pour un professionnel en revanche, ils sont d’un niveau musical moyen, dirons-nous. Didier Lockwood, par exemple, qui est pianiste de jazz et qui a monté avec sa femme un spectacle un peu dans le même esprit, à la fois théâtral, musical et joyeux, Le Jazz et la diva, trouve qu’ils sont très bien – mais meilleurs comédiens que musiciens. D’ailleurs, ils se considèrent comme des comédiens-musiciens – et pas le contraire… – qui seraient un peu dans la lignée de Ray Ventura et de ses Collégiens, Henri Salvador… et bien d‘autres encore. Plus près de nous, on citera notamment le groupe belge La Framboise Frivole. Ils sont toujours en quête d’un texte de théâtre pur dans lequel interviendrait la musique et qu’ils pourraient jouer ensemble. Ils connaissent bien sûr Mozartement vôtre, d’Alain Westphal, mais la deuxième partie de la pièce, où le quatuor joue effectivement la pièce de Mozart qu’ils étaient en train de répéter, les effraie un peu parce qu’ils craignent de ne pas l’exécuter aussi bien que des musiciens professionnels.
De leur façon de travailler…
Ils écrivent eux-mêmes leurs sketches de manière collective puis c’est ensuite Alain Sachs qui les met en forme pour la scène. Depuis qu’ils se connaissent, ils savent ce dont ils sont capables, et ils construisent le sketch autour. Dans la phase de création il n’y a pas de leader à proprement parler qui décide de faire ceci ou cela, toutes les idées sont bonnes à essayer parce qu’elles ont été proposées par l’un d’eux. Ils sont complètement ouverts aux suggestions des uns et des autres. Il n’y a pas de leader mais il y a Alain Sachs, qui passe derrière et apporte son regard extérieur ; c’est lui qui fait le tri dans toutes les propositions et qui met l’ensemble en forme.
Leur spectacle est très exigeant sur le plan physique, et avant d’entrer en scène ils pratiquent des exercices d’échauffement exactement comme des sportifs.
Deux ou trois choses sur le spectacle proprement dit…
Corps à cordes a été créé il y a environ deux ans ; dans ce que l’on a vu hier il manque un ou deux sketches qu’ils n’ont pas pu faire à cause des conditions du plein air, mais ils en ont rajoutés qui ne figurent pas dans le spectacle originel – c’est donc, comme très souvent à Sarlat, une version vraiment inédite qui a été jouée.
C’est le résultat d’un gros travail sur l’hommage ; pas sur le pastiche ni la parodie mais l’hommage véritable ; ils aiment la musique et montrent une réelle tendresse envers les gens qu’ils imitent à travers toutes les citations musicales et mélodiques qu’ils s’approprient et dont ils nourrissent leur spectacle – je précise que leur renvoi à Thriller est bien antérieur à la mort de Michael Jackson. La diversité de leurs références témoigne d’un œcuménisme musical extrêmement chaleureux.
Jean-Paul Tribout ne fut bien évidemment pas seul à parler ; beaucoup de spectateurs prirent la parole pour manifester leur satisfaction – et signifier aux absents une réaction unanime : ce qu’ils font sur scène relève du génie, ni plus, ni moins ! Ainsi s’est prolongée à Plamon l’ovation debout qu’ils avaient reçue la veille au soir…