Depuis janvier à nouveau le désert, l'immense désert de silence au bord de nuits qui n'en finissent pas d'être ombres profondes, abîmes parcourus de tourmentes malgré ici ou là quelques trouées de lumière qui empêchent l'absolue déréliction de submerger l'âme. Et dans cette obscurité mouvante les mots corsetés, qui ne veulent plus s'assembler autrement qu'en suites discontinues, éphémères, volatiles et évaporées sitôt pensées. Des rages impuissantes, des navigations introspectives qui recroquevillent l'être tout entier sur ses fragilités, ses fragmentations et le montrent à lui-même poussière, dispersible et que rien ne sauve de la pulvérisation ultime.
Une fois de plus pourtant l'être se rassemble, un peu. Revient à la vie, réamarre sa barque ici, et reprend pied sur la terre où germent les phrases. Pour combien de temps... Mais? Faut-il vraiment se le demander, et déjà se bâillonner par crainte d'une trop grande éphémérité de l'impulsion scripturale, on bien plutôt ne point songer en termes de durabilité et ne se soucier que du besoin de dire - le ressentir étant l'indéniable signe qu'on est vivant, pas encore enseveli sous les tombereaux d'ignominies que ne cesse de déverser ce qu'il est convenu d'appeler "le monde réel"...
Cette brève émergence répond, pour le moment, à la question.
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