... et la suite que j'ai cru bon de leur donner en m'arrêtant ici.
Or donc ce matin j'allais d'un bon pas, marchant au lieu de courir puisque bloquée par des gênes bien connues et qui me suggèrent de... marquer le pas dans mes entraînements quotidiens tant qu'elles sont légères afin de n'avoir pas à souffrir de leur persistance si je continue de ne rien entendre. Le soleil est encore bas, le ciel bleu nu - mais qui devrait se couvrir bientôt si j'en crois les prévisions de Météo France - et cette conjoncture répand une lumière qui intensifie les corps à force d'étirer leurs ombres (quand, les frappant de plein fouet aux midis de l'été, elle les les éteint à force de les écraser se sa puissance) et crudifie les couleurs qu'elle révèle en traversant les peaux ténues des fleurs et des feuilles. Une lumière plénifiante qui à elle seule donne des ailes à l'âme. Le souffle du vent, colporteur de senteurs fanées et bruissantes, lui fait prendre son essor.
Les surgissements épiphaniques qui ont amené mon smartphone au bout de mes doigts sont à des lieues de ces glorieuses fugacités - ils relèvent plutôt de ce registre esthétique que j'ai baptisé, il y a bien longtemps, les "défaites polymorphes".
/image%2F0577559%2F20211029%2Fob_df4c42_pinglette-tn-29-10-1.jpg)
Il ne fait aucun doute que ces troncs ont été délibérément entreposés là après le tronçonnage d'un arbre abattu. Mais avec ce banc à la renverse, qui devait être à l'abandon depuis longtemps à en juger par l'état de son frère en infortune à l'arrière-plan mais que l'on dirait victime de l'avalanche des tronçons, comment ne pas s'imaginer avoir sous les yeux LA figuration du grand désastre? Sans m'attarder trop, je cherche cependant à enfermer dans le cadre de mon écran les éléments qui correspondent le mieux à ce que je suis en train de penser chaotiquement et à toute vitesse (ce qui précède en est la forme quintessenciée). Puis je me répète comme un mantra "Il te FAUT revenir ici avec ton boîtier argentique... il te FAUT revenir ici... et si la prise de vue escomptée s'avère impossible tant pis. Il FAUT tenter le coup, à la lumière de l'après-midi quand le ciel sera dégagé!" Je me doute bien que ce ne sera pas aujourd'hui eu égard aux prévisions météorologiques. Mais en me répétant la chose de la sorte, j'inscris l'intention sinon dans le marbre du moins dans la perspective d'un proche à-venir.
/image%2F0577559%2F20211029%2Fob_918832_pinglette-tn-29-10-2.jpg)
Au creux d'une bifurcation, à l'aplomb d'une poubelle, l'un de ces innombrables panneaux injonctifs à pictogrammes qui, ponctuant les chemins, rappellent continument aux promeneurs ce qui est interdit. "Circulation interdite aux deux-roues à moteur"; "Interdit aux chiens non tenus en laisse"... Les interdits n'ont pas été abrogés quand bien même ce qui les promulgue est en piteux état... Les temps - celui qu'il fait et celui qui passe, tous deux pareillement vecteurs d'usure - ont eu raison du bois, de la peinture, du métal... Ils auront aussi raison de nous au bout du compte. Mais peut-être serons-nous érodés par les contraintes et par elles brisés avant de l'être par les temps, ceux qui courent, galopent à bride abattue... et tous les autres.
Ce ne sont pas des "photos" au sens plein et entier (i.e.: cadrage et mise au point soignés, luminosité et contraste retravaillés à défaut d'avoir été maîtrisés à la prise de vue...) mais des captations aide-mémoire, soit qu'elles me servent à "construire" d'ultérieures photographies argentiques, soit qu'elles soient supports de textes. Parfois, mes captations remplissent ces deux offices à la fois, et en outre deviennent illustrations de nyktheries, se constituent en albums...