Blanc comme "silence" - "absence", "oubli".
Blanc comme le point le plus cru que puisse atteindre une luminosité avant qu'aveuglé on cesse de la voir.
Blanc comme le son d'une voix portée au plus ténu du murmure et que l'on n'entend plus fors la trace qu'elle laisse, accrochée tel un lambeau aux syllabes jetées dans un souffle.
Blanc comme l'abîme ouvert au seuil de la parole par le mot perdu, disparu, celui qu'on ne sait pas prononcer pour en appeler d'autres et ainsi faire phrase, donner à l'idée son essor.
Depuis le 20 mai où déjà le "désastre" sentait son tas de poussière, c'est un peu comme si j'avais avancé à travers un monceau de mots aptères, chus faute d'avoir été agrégés à d'autres pour pouvoir tenir haut leur sens et faire signe - des mots desséchés, en décomposition, que chacun de mes pas disperse en volutes pulvérulentes et qui s'effritent en particules plus infimes encore si d'aventure je tends les doigts pour tâcher de les retenir.
RIEN, donc, devant mes pieds que ces amas de mots défaits, trop affaiblis pour se défroisser et retrouver tout leur potentiel de sens, mais pas assez dégradés pour ne pas obscurcir le grand blanc de la mutité et lui conserver son absoluité qui, intacte, possède au moins quelque vertu enivrante.