Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 18:36

Depuis des jours et des jours et des jours je continue de glisser le long d'une inexorable pente marasmique, un glissement dont j'ai même renoncé à laisser trace ici - ce coin de Toile qui n'aurait jamais dû devenir ce vide-fiel introspectif  que je l'ai laissé devenir. Chaque jour davantage j'ai senti se défaire le lien vital qui parfois, à la faveur de fulgurantes convergences qui m'étaient bouffées d'oxygène, daignait se nouer entre ces sensations aranéeuses de plus en plus envahissantes et le tissu des mots. Et rien, quoi que j'en dise ou pense, qui justifie pareille désertion de soi, ni le prétendu accaparement qu'exigerait le travail, ni la maladie chronique virant au cancer natif de ma chatte Sweetie (encore que cette maladie soit le catalyseur d'un bizarre labeur intérieur suffoquant, où semblent s'accélérer et se superposer des retours de refoulé, des ressouvenances intempestives, comme si les composantes de ma psyché, à l'instar des plaques constituant la lithosphère terrestre dont les mouvements conditionnent la dérive des continents, l'activité volcanique, l'ouverture des failles océaniques... étaient en proie à une brusque agitation suscitant à la fois dans ma "matière psychique" le creusement de gouffres, l'accumulation d'éboulis et l'excrétion d'un mauvais jus mental comparable aux laves mêlées de cendres et de gaz toxiques que vomit un volcan).
Plus de... Non: je ne vais pas énoncer à nouveau l'ennuyeuse litanie de ce que je ne "fais plus". Si je ne "fais plus", c'est que je consens à cette érosion autodestructrice et qu'il n'appartient qu'à moi de la freiner. Et à cet égard, la journée du 11 janvier aura été comme un coup de hache faisant éclater cette mollesse submersive.

Mercredi 11 janvier, donc...

Au saut du lit ou presque, des mots se sont agrégés que j'ai sentis d'emblée signifiants, tels que jaillis idéellement: je les ai aussitôt écrits sur un bout de papier et, contrairement à ce qui se produit en général en pareilles circonstances, leur signifiance a résisté à la transcription... Mieux: je devais constater, en retrouvent ce bout de papier ce matin même, que nul dégoût ni agacement ne me venait en les lisant - leur signifiance tient bon...

Fendre la nuit
Comme on crie jusqu'à plus soif
Au grand galop, des ailes au corps comme à l'âme
Si léger qu'en son propre essor
On se désagrège et se disperse - pulvérulent - aux mille vents du vaste Rien cosmique

Tandis qu'au lever je me pulvérisais ainsi et opposais à cette désagrégation l'antidote du texte (il me sembla qu'en l'instant où j'écrivais je me rassemblais toute sous l'effet d'une sève lustrale), je devais, dans la suite de la journée, prendre conscience que j'accumulais les petits gestes spontanés accomplis jusqu'au bout sans qu'aucune pensée négative viennent leur couper la route, ce dont je ne me croyais plus capable...

Par exemple conserver et juger regardable au point de la mettre en ligne ici une photo prise à la hâte, quasi sans cadrer ni mettre au point parce que je n'y voyais rien sur l'écran de mon Coolpix: un "effet de ciel" sidérant aperçu juste en tournant la tête alors que je ne songeais qu'à gagner la bouche de métro avant le début de l'averse en gestation, et dont je me doutais que, capté au compact numérique, il serait tout dépouillé de sa beauté. Pourtant j'ai déclenché, d'autant plus vite que soufflait par bourrasques un vent fort qui poussait les nuages et donnait l'impression que la faille rayonnante se déplaçait, quand je voulais, moi, fixer le jeu de formes et de lumière que sa position au-dessus des toits me révélait. J'ai déclenché presque à l'aveugle... photo probablement ratée mais au moins aurai-je été au bout de mon intention. Et en visionnant l'image, j'avoue avoir été assez surprise d'y retrouver le fascinant tranchant de cette insinuation solaire dans la masse nuageuse couleur de plomb. Mais sans doute un photographe aguerri ne verra-t-il que le... mauvais penché de cette image et les autres défauts qu'il serait fastidieux d'énumérer,

Puis, plus tard, en feuilletant distraitement le gratuit Direct matin dont je m'étais emparée pour meubler ma métroportation retour, je découvrais qu'à la fin du mois, les 27, 28 et 29 janvier, aurait lieu la 2e édition de Paris Face cachée, un événement qui permet notamment d'accéder à des lieux ordinairement fermés au public et d'assister à des manifestations exclusivement organisées dans ce cadre. Il suffisait de s'inscrire en ligne (uniquement en ligne) au cours des deux seules journées où seraient ouvertes les inscriptions, soit ce même 11 janvier et le 18. Sitôt rentrée et mon ordinateur ouvert, je me précipite sur le site (il faut aller vite, vitissime: les places sont en nombre limité!), déplie à toute vitesse le menu des propositions en éliminant d'office toutes celles qui ne concernent pas Paris intra muros, en sélectionne deux ou trois parmi celles qui ne sont pas encore estampillées "complet" sans m'attarder sur les présentations pourtant brèves, me bornant à la lecture des intitulés pour m'arrêter enfin sur "De bronze et de bois": des mots avaient fait mouche ("maître du Modernisme architectural français", "Matisse", Modigliani", "atelier... sculptrice"...). Des places sont disponibles, dans un créneau horaire m'allant comme un gant... Je ne réfléchis pas: deux-trois clics, mon billet est acheté pour le 27 janvier, 13h30. Téléchargé, prêt à être imprimé.  Pourtant, une ombre à la jubilation qu'a éveillée la succession de ces décisions prises instantanément: le 27, c'est loin, et je ne puis me défaire de la conviction qu'une fois de plus je laisserai pourrir le projet et le billet à l'abandon sur un coin de mon bureau.

Eh bien non, aujourd'hui 28 janvier, je puis écrire que j'ai bien exploré la "face cachée de Paris" pour laquelle j'avais réservé une place! Cela m'a valu de découvrir une artiste que je ne connaissais pas, Chana Orloff, et ce grâce à ses petits-enfants qui, propriétaires de son atelier et des œuvres qui y sont exposées, s'efforcent autant qu'ils le peuvent d'ouvrir l'endroit au public, notamment lors des Journées du patrimoine. Leur effort aura été, ce vendredi, formidablement servi par la conférencière qui animait la visite, Lauranne Corneau, dont l'exposé clair, concis et vivant, a fait honneur autant à l'artiste qu'au lieu.

Me voilà maintenant animée d'une intense et profonde envie de mieux connaître Chana Orloff, de revenir visiter cet atelier dès que possible... Dans mon horizon immédiat: tâcher de me procurer deux ouvrages en français qui lui sont consacrés, parus en 1927 (de la chine en perspective...). Puis plus tard, peut-être, la réédition en fac-similé des numéros de la revue SIC, parue entre 1916 et 1919, où ont été publiés plusieurs de ses bois gravés. Et ensuite...

Envie de mieux connaître... plus tard... ensuite...
Autant de projections dans l'avenir.
De petits élans de vitalité.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Terres nykthes
  • : Ce blog au nom bizarre consonant un rien "fantasy" est né en janvier 2009; et bien que la rubrique "archives" n'en laisse voir qu'une petite partie émergée l'iceberg nykthéen est bien enraciné dans les premiers jours de l'an (fut-il "de grâce" ou non, ça...) 2009. C'est un petit coin de Toile taillé pour quelques aventures d'écriture essentiellement vouées à la chronique littéraire mais dérivant parfois - vers où? Ma foi je l'ignore. Le temps le dira...
  • Contact

Aux Manettes...

  • Yza
  • Entre littérature et arts visuels, à la poursuite des ombres, je cherche. Parfois je trouve. Souvent c'est à un mur que se résume le monde... Yza est un pseudonyme, choisi pour m'affranchir d'un prénom jugé trop banal mais sans m'en écarter complètement parce qu'au fond je ne me conçois pas sans lui
  • Entre littérature et arts visuels, à la poursuite des ombres, je cherche. Parfois je trouve. Souvent c'est à un mur que se résume le monde... Yza est un pseudonyme, choisi pour m'affranchir d'un prénom jugé trop banal mais sans m'en écarter complètement parce qu'au fond je ne me conçois pas sans lui

Recherche

Articles Récents

  • Être là le 9 avril 2024 ...
    …et mettre en ligne une page de journal écrite le matin même. De retour à Gourdon et prise dans les lises infiniment visqueuses des démarches, des paperasses, des formalités dont je ne savais pas un traître mot jusqu’à ce que la mise en vente du Barry...
  • D'outre-tombe, peut-être...
    Serai-je sortie vivante du voyage? Malgré ce sentiment de mort imminente, qui rend toutes choses futiles, dérisoires, risibles (au premier chef desquelles ces microscopiques réalisations que l'on tient pour si importantes parce qu'en elles tient, croit-on,...
  • Ci-gît...
    Demain je pars. Une fois de plus, seule et au volant, le trajet en voiture vers Gourdon. Et toujours la même terreur, la même sensation d'aller vers l'abîme. Certes justifiée désormais par le danger, réel, que représente un parcours routier pour une conductrice...
  • Des boîtes à livres (III)
    Une fois abandonné le roman de Thierry Jonquet Ils sont votre épouvante et vous êtes leur crainte c’est à une autre trouvaille tirée de sa boîte en février dernier que je me suis attaquée: un roman de Fred Vargas en édition de poche – J’ai Lu –, Pars...
  • Faire place nette
    Nette? Vraiment? Un peu d'espace se dégage, des boîtes changent de place, les formes géométrique régulières des empilements me rassurent: quelque chose a été accompli. Un soulagement me gagne – je viens de passer à la déchiqueteuse de vieux tirages remontant...

Pages