/image%2F0577559%2F20150717%2Fob_1ff463_chemin-improbable.jpg)
Longue, longue désertion.
Comment, après un si vaste vide, retrouver dans la nuit du doute l'improbable chemin de mots qui me fera de nouveau croiser ici les fils de chaîne et de trame du texte? Du texte tenu, s'entend, je veux dire qui soit solidement lié par les lois de la langue,suivies ou subverties - mais alors subverties délibérément, et "en connaissance de cause" car, pour se jouer des lois d'une langue, il faut les bien connaître et surtout les maîtriser fût-ce dans leurs attitudes les plus rétives (ces innombrables "exceptions" par lesquelles il est dit que se justifient les règles!).
Comment émerger de ce long chaos, de cette insurmontable suffocation mentale dans laquelle j'ai somnolé à demi léthargique alors même que je croyais me débattre, et salutairement lutter contre les accès de panique qui m'obstruaient la vue, me laissaient dans la conviction que je ne savais plus rien, ni voir ni imaginer, que je n'étais plus capable de rien, pas même de satisfaire aux seules exigences du travail qui pourtant sont d'ordinaire des refuges très sécurisants où je me confine par lâcheté pour n'avoir pas à affronter tel ou tel démon que je sais gésir en mes tréfonds?
Une fois de plus par quelques phrases dont je sens qu'elles sont "en justesse" avec certain état intérieur et par la construction desquelles je tâche de substantifier cet état. Ainsi je m'en déleste, le mets à distance - je le scrute et cette scrutation elle-même devient matière à phrase. N'est-ce pas ce que l'on appelle l' "introspection"?
Vaines considérations que voilà! Mais... si ce blablatage un tantinet ridicule avait commencé de renouer les fils rompus?
Si grâce à lui je parvenais à me délier l'écriture, à conjurer le fiel délétère, ô combien érosif, que l'aigre morsure du doute a instillé en moi depuis des semaines? À dépoussiérer enfin ces mornes brouillons mal dégrossis, tout ankylosés dans le cocon aranéeux de leur informité et que pourtant, ne sachant pas vraiment renoncer, je n'ai pas jetés?