Lors de mon séjour sarladais cet été, je suis allée comme chaque année m’approvisionner en café à la Brûlerie sarladaise et j’y découvrais un cru brésilien dont même le nom m’était inconnu: Mococa. Encouragée par le descriptif du torréfacteur j’achetai sans hésiter un paquet de grains que je fis moudre à la juste mesure de la manière dont je prépare le café et, dès la première dégustation, le lendemain, j’étais séduite par la saveur typée, les arômes qui se déployaient progressivement de gorgée en gorgée et demeuraient longtemps en bouche (mais que je ne me risquerais pas à "mettre en mots": jamais je n'ai réussi à trouver de correspondance réelle entre les sensations gustatives que me procurent les cafés et les mots à ma disposition; ainsi les discours de dégustateurs me sont-ils invariablement étrangers, même si j'éprouve une délectation toute littéraire à les lire... un barista dira par exemple de tel cru qu'il a des "arômes de fruits rouges", des "notes cacaotées" ou "une légère acidité d'agrumes"... autant de saveurs présentes dans ma "bibliothèque sensorielle" mais que je ne parviens pas à relier aux cafés dégustés; alors je laisse mes ressentis sans mots, dans cet étrange entre-deux où flotte tout ce qui, pour échapper à l'emprise du langage, n'en a pas moins de présence effective dans l'éphémérité de sa survenue et sa persistance ultérieure en pays de mémoire...).
Juste avant de quitter Sarlat, je revins donc à la brûlerie avec l’intention d'acheter plusieurs paquets de ce Mococa car, n’en ayant jamais vu là où, à Paris, j’ai l’habitude de choisirr mes cafés, je préférais me constituer une petite provision avant d’avoir à me soucier de m’en procurer commodément. Las… le torréfacteur n’en avait plus et ne pensait pas en recevoir avant quelque temps: "Ce café est très apprécié, j’en vends beaucoup, mais il n’est pas facile à obtenir et les délais sont parfois un peu longs avant d’être livré."… Une fois rentrée, je me mis en quête de Mococa via Internet – et, en effet, je pus constater que bien peu de boutiques en ligne vendaient du Mococa. Parmi elles, la Torréfaction toulousaine, ou Cafés Négril… C’est là que je me suis arrêtée. Certes parce que la présentation de cette entreprise artisanale m’a plu, et que l’exploration du catalogue m’a dévoilé quantité de crus insoupçonnés (donc autant de champs ouverts à mes velléités exploratoires de "sensations café") – mais aussi parce que Négril est le nom d’un chat que mes parents ont gardé une petite année je crois, jusqu’à ce qu’il disparaisse, sans qu’ils aient jamais su ce qui lui était arrivé. Qu’est-ce qui, du nom félin ou de la richesse du catalogue, m’a décidée à acheter là ce Mococa dont j’avais soif?
Le simple fait que je me pose la question suffit à montrer combien a joué la "patte du chat"…